Dynamiser le tourisme en Polynésie française en relançant l’activité de navire de croisière

Dynamiser le tourisme en Polynésie française en relançant l’activité de navire de croisière

  1. Une opportunité unique pour développer le tourisme en Polynésie française

Le tourisme polynésien connaît une croissance soutenue depuis 2010. Cependant, il n’a pas encore atteint son maximum historique de 2007, où plus de 240 000 touristes ont visité l’île.  Si le tourisme terrestre continue de stimuler la croissance, le marché des croisières reste limité, faute d’infrastructures : le nombre de navires opérationnels sur l’île (une trentaine) n’a pas augmenté ces dernières années.

Avec 118 îles réparties sur 5 millions de Km², la Polynésie française offre pourtant un terrain de jeu unique et des opportunités de circuits « découvertes » sans pareil pour des navires de croisière « à taille humaine » (entre 150 et 300 cabines), respectueux des écosystèmes locaux, le tout dans un environnement sécuritaire optimal.

Or, tout porte à croire que ce marché possède un potentiel réel. En effet, avec l’arrivée programmée de French Bee et de United Airlines en plus des compagnies opérant déjà, la Polynésie française va connaitre une croissance de l’offre en sièges de 40% en 2019 en année pleine sur l’axe Paris-Californie-Tahiti ; route qui draine 60% de la fréquentation touristique. L’offre devrait donc passer de 209 000 sièges en aller-retour en 2017 à 278 000 en 18-19 sur la route Paris-Tahiti via les Etats Unis. Pour rester dans des conditions de rentabilité équivalente, les compagnies aériennes devront transporter 56 000 passagers de plus à l’arrivée à Tahiti, soit une croissance de 26% de la fréquentation touristique. Le potentiel de croissance touristique offert par les compagnies aériennes risque de se heurter très vite à un déficit de réceptif hôtelier.

2018 est déjà une année prometteuse. Le nombre d’escales estimées est en augmentation. De plus, le gouvernement de la Polynésie française est déterminé à continuer de mener son action offensive en faveur des croisières à Tahiti et dans ses îles. La Ministre du tourisme Nicole Bouteau a récemment rassemblé les acteurs du secteur pour évoquer les objectifs de la Polynésie française : le développement des opportunités d’excursion, la facilitation des relations entre le gouvernement et les entreprises et la multiplication du nombre d’escales dans les îles polynésiennes.

  1. Des avantages économiques et sociaux remarquables pour un navire de luxe de 250 personnes : 20 millions d’euros de revenus par an et 400 créations d’emplois

Un navire de luxe avec une capacité de 250 personnes générerait des avantages économiques important pour la Polynésie Française. Si l’on prend en compte les coûts liés à l’équipage (2,6 millions de dollars), les redevances portuaires (plus de 2 millions de dollars), le carburant (plus de 6,4 millions de dollars), les coûts d’expéditions locales et autres fournitures (200 000 dollars), les visites à terre (3,2 millions de dollars), les transports (9 millions de dollars) et, bien sûr, la création d’emplois, le revenu supplémentaire pour l’île s’élèverait à environ 20 millions d’euros.    En moyenne, 40% des retombées économiques de la croisière sont dépensées à terre selon l’Institut de la Statistique de la Polynésie française. C’est un revenu crucial pour les prestataires d’activité, les transporteurs terrestres, les commerçants et les artisans, qui leur permet de maintenir et développer leurs activités dans des îles en dehors des flux touristiques principaux (et d’y maintenir des populations et une attractivité touristique transversale). De plus, les revenus du tourisme ne garantissent pas seulement une augmentation des profits pour les autres branches du secteur (hôtels, attractions touristiques, restaurants), mais aussi pour les autres secteurs comme l’agriculture, la construction ou l’artisanat. L’augmentation des revenus et des impôts liés à la création d’emplois et d’entreprises peut être utilisée pour entretenir ou moderniser les infrastructures et les services publics locaux. A terme, c’est le niveau de vie de tous les Polynésiens qui en serait amélioré. Les avantages sociaux qui en découleraient seraient également substantiels, notamment à travers la création d’emplois, actuellement estimée à 400.  Ces emplois sont principalement dans le secteur tertiaire et ne sont donc pas sujets à une possibilité d’automatisation. Le développement de la croisière constitue donc aussi une opportunité de former un nombre important de jeunes Polynésiens.

Le cas d’école : le navire Paul Gauguin Le Paul Gauguin, navire de croisière de 166 cabines pour 332 passagers et 227 membres d’équipage, constitue aujourd’hui un modèle à développer. Navire régulièrement primé (« Meilleur petit navire de croisière » lors de la sixième cérémonie annuelle des Global Leisure Lifestyle Awards de Global Traveller, qui s’est tenue le 10 mai 2018 aux Etats Unis et arrivant dans le top 5 des “Meilleures croisières luxueuses”), il est aujourd’hui le seul présent sur zone depuis sa mise en service en 1998, avec 42 croisières par an sur les archipels de la Polynésie Française. Véritable acteur économique et symbolique de la Polynésie, il contribue à hauteur de 2 millions d’euros/an en achats locaux de nourriture, boissons, consommables ; 1,5 millions d’euros/an en dépenses pour les prestataires locaux d’excursions ; 2,5 millions d’euros/an en fuel ; près de 2 millions d’euros en dépenses pre et post croisière (hôtels, transferts) avec 12 000 billets par an pour les passagers transportés par la compagnie aérienne polynésienne Air Tahiti Nui.

  1. Pour encourager ce développement, il est nécessaire de favoriser les investissements grâce aux instruments d’incitation fiscale : permettre l’éligibilité des activités de croisière, sous conditions, à l’aide fiscale nationale à l’investissement

 

Dans un contexte insulaire marqué par l’étroitesse des marchés, la faiblesse de l’offre bancaire et une concurrence féroce des pays tiers, les dispositifs d’incitation fiscale à l’investissement Outre-mer constituent aujourd’hui un instrument essentiel et inévitable au service du développement économique. Ils permettent d’attirer des investisseurs afin de permettre aux exploitants de financer leurs investissements et de réduire le différentiel de compétitivité entre les outre-mer et les destinations concurrentes situées dans leur environnement régional, qui ne sont pas soumises aux mêmes normes.

Mais l’aide fiscale à l’investissement n’a de sens que si elle vient en soutien d’une stratégie de développement économique définie par les acteurs locaux. C’est précisément le cas de la Polynésie Française où le développement des activités de croisière s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de développement touristique raisonnée, inclusive et pensée au niveau local, en réponse à une demande forte.

a)Le signal envoyé par le Gouvernement de la Polynésie Française…

Dans ce contexte, le Gouvernement et l’Assemblée de Polynésie Française ont modifié en mars 2018 la loi de Pays[1] relative à la défiscalisation locale afin d’élargir le bénéfice de la défiscalisation locale pour l’acquisition de navire neuf de croisière sous les conditions (taille de navire ; pourcentage de personnel local ; zone géographique d’exploitation…)

Mais ces nouvelles conditions restent aujourd’hui insuffisantes pour répondre aux attentes des investisseurs et des exploitants car les activités de croisières sont exclues du bénéfice de l’aide fiscale nationale à l’investissement productif outre-mer.

b)…au Gouvernement national : ouvrir le champ à l’aide fiscale nationale à l’investissement (« girardin industriel »)

L’aide fiscale nationale à l’investissement productif permet aux exploitants de pouvoir bénéficier d’une aide essentielle à l’investissement pour l’achat de leur bien industriel/productif neuf. Or, le secteur des croisières est aujourd’hui exclu de ces dispositions, ce qui constitue aujourd’hui un frein important dans la capacité à attirer les investisseurs et permettre aux exploitants (notamment locaux) de développer leurs projets.

Il conviendrait donc de modifier la loi de défiscalisation nationale et permettre ainsi l’éligibilité des activités de croisière, sous conditions afin d’éviter certains écueils :

  • Une zone géographique définie et ainsi qu’une durée d’exploitation sur zone ;
  • Un type de bateau défini (nombre de passagers et/ou tonnage maximal) ;
  • Une condition réaliste et adaptée d’emploi local (% des personnels d’hôtellerie, de restauration notamment) ;
  • Des montants financiers définis (programme d’investissement) ;

 

 

[1] LP n°2018-7 du 15 mars 2018

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