Vœux 2018 : Nous sommes une FEDOM de propositions

Vœux 2018 : Nous sommes une FEDOM de propositions

La FEDOM a organisé ses vœux ce lundi 29 Janvier 2018 en présence de 130 personnalités et amis de l’Outre-Mer. L’occasion pour Jean-Pierre Philibert de présenter un bilan de l’année écoulée et d’annoncer des perspectives à venir.

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Discours du Président de la FEDOM Jean-Pierre Philibert

Madame la Ministre des Outremers
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Messieurs les Présidents de collectivité,
Monsieur le Délégué interministériel à l’égalité des chances
Monsieur le Préfet, Directeur général de la DGOM,
Monsieur le Général commandant le SMA
Messieurs les conseillers du Président de la République et du Premier ministre
Monsieur le Vice-Président du MEDEF
Mesdames et Messieurs les Directeurs et chefs de service de l’administration
Mesdames et Messieurs les entrepreneurs, chers membres de la FEDOM
Mesdames, Messieurs,

Cette cérémonie de vœux est un peu particulière :

– Elle est la première de ce quinquennat : l’occasion pour nous tous de nous projeter dans l’avenir

– Elle intervient surtout après les terribles catastrophes qui ont frappé Saint-Martin, Saint Barthélemy et la Guadeloupe, sans oublier les îles soeurs, avec les cyclones Irma et Maria, et plus récemment avec Berguitta à La Réunion, heureusement dans une moindre mesure même si le sud de l’île a gravement souffert.

Au-delà de la compassion et de la solidarité nécessaires, ces tragédies nous démontrent une fois de plus que si la France sait réagir dans l’urgence, les délais sont souvent beaucoup trop longs entre les annonces et promesses effectuées à chaud et le début de mise en œuvre de leurs déclinaisons concrètes. Cela peut être source de découragement, d’incompréhension voire susciter des manifestations de colère.

Comme chaque année, c’est aussi le moment de faire un bilan de l’année écoulée pour notre Fédération ; mais rassurez-vous il sera bref, l’essentiel étant l’avenir que nous nous promettons.

De nombreuses organisations professionnelles ou entreprises nous ont rejoints ; je ne peux pas les énumérer toutes mais je les remercie de reconnaître, par leur adhésion, la pertinence de notre action. Sur le plan symbolique, je voudrais néanmoins citer l’Assemblée plénière des chambres de métier et de l’artisanat : l’entreprise ultramarine, quelle que soit sa taille, est désormais présente dans la maison « Fedom » et nous nous en réjouissons

Nos partenariats, notamment avec nos cousins d’EURODOM, avec LADOM et le SMA sont particulièrement riches et nous entendons continuer à les développer et à les renforcer. Notre collaboration extrêmement riche avec le grand Cabinet d’avocats FIDAL, et plus récemment la Fondation de France (dans le cadre du fonds d’urgence en faveur des entreprises de Saint-Martin) qui est très constructive.

Nos relations de travail, avec l’AFD et la BPI sont d’autant plus prometteuses que les enjeux de financement de nos territoires sont cruciaux.

Nous sommes également partenaires de la Délégation sénatoriale à l’Outre-mer présidée par Michel Magras avec laquelle en février 2017 nous avons organisé ensemble un colloque sur le thème des « mutations et des perspectives pour les économies de l’Océan indien » et de la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale avec laquelle nous avons, en binôme avec le Cluster maritime français, organisé une matinée de travail sur le thème « La France, Géant des Mers : les Outre-mer face au défi de la croissance bleue ».

Nonobstant ces rendez-vous particuliers, nos contacts avec ces deux délégations sont permanents comme ce fut le cas pour l’élaboration du rapport sénatorial sur l’adaptation des normes dans le BTP Outre-mer.

Nous avons enfin, avec intérêt et fidélité, participé à nombre d’évènements et de conférences consacrées à nos Outre-mer, et je citerais en particulier la JOMD.
* * *
Madame la Ministre, le Gouvernement a choisi de se donner du temps et a pour cela, mis en œuvre les assises des Outre-mer.

Au même moment vous avez annoncé la suppression du CICE et la remise à plat des aides aux entreprises, en soulignant qu’elles étaient illisibles et surtout « pensées au siècle dernier » en tenant insuffisamment compte des innovations et des nouveautés.

Vous aviez poursuivi votre intervention à la JOMD en ajoutant que l’ambition du gouvernement était d’accompagner, mieux et plus, les entreprises dans leur projet et leurs initiatives et que cette revue des aides se ferait « à périmètre constant a minima » comme le Premier ministre vous en avait donné l’assurance.

« Il n’y a pas de coup-fourré, pas de duplicité », aviez-vous conclu en insistant sur « la nécessité impérieuse de construire un climat des affaires qui corresponde à notre époque », avec l’aide des parlementaires, des collectivités locales et des chefs d’entreprises.

Madame la ministre, le temps des réponses à nos attentes et donc de l’action est donc enfin venu !

Nous entrepreneurs ou organisations professionnelles des Outre-mer, avons accepté votre proposition de travailler ensemble à co-produire en quelque sorte les outils de notre avenir car nous avons fait le diagnostic – en témoignent nos propositions pour la présidentielle 2017 – que certains outils devaient probablement être améliorés afin de mieux répondre aux besoins de nos chefs d’entreprises et au renforcement de la compétitivité de nos appareils productifs.

Et puis parce que fondamentalement nous sommes une FEDOM de propositions.

Nous le faisons avec détermination, esprit de responsabilité, mais aussi avec pragmatisme et vigilance

DETERMINATION tout d’abord car :

– qui mieux qu’un chef d’entreprise sait ce qui est bon pour l’entreprise et pour l’économie de son territoire ?

– qui mieux que lui pourrait expliquer combien l’aide à l’investissement lui est indispensable et combien le soutien au fonctionnement est nécessaire pour lui permettre d’être compétitif en compensant les handicaps permanents structurels dont souffrent nos territoires ?

La mise en œuvre de l’article 349 du traité de Lisbonne doit être assumée sans état d’âme car il n’y est pas question d’aides mais de légitimes mesures de compensation.

RESPONSABILITE ensuite car notre engagement sait tenir compte des contraintes de l’État, notamment budgétaires.

C’est la raison pour laquelle, concernant la réforme du CICE, nous avons décidé de lancer une étude confiée, après appel d’offres privé, au Cabinet MAZARS afin d’être en mesure très rapidement de vous faire des propositions, avec plusieurs scenarios possibles sur le meilleur outil pour les entreprises.

Nous sommes prêts à faire de même avec les autres dispositifs de compensation, pour lesquels nous vous proposons de retenir comme clé d’analyse, la simplification.

PRAGMATISME ET VIGILANCE enfin : parce que la réforme pour la réforme, parfois guidée par seul souci de la dépense budgétaire, parfois motivée par une forme de « fétichisme de la forme » pour reprendre une expression du grand constitutionaliste Marcel Waline, ruinerait les efforts menés chaque jour par nos chefs d’entreprises outre-mer.

Je veux à titre d’exemple évoquer brièvement la TVA NPR : bien sûr que ce terme est difficilement audible pour une oreille métropolitaine ; c’est pourtant un outil dont la pertinence et l’efficacité en faveur de l’investissement sont unanimement soulignées par les opérateurs d’outre mer, de même que sa simplicité et son coût de gestion nul.

En revanche, si son utilité est incontestable, la complexité de mise en œuvre d’un dossier d’aide au fret aurait sans nul doute suscité la verve de Courteline. Il faut le rendre simple et accessible. Et quel paradoxe, au passage, après que le législateur en ait étendu le champ d’application dans la loi EROM, que le montant en ait considérablement restreint en loi de finances pour 2018 !

Là aussi, nous vous ferons très prochainement des propositions.
Il restera la grande question du cadre juridique mis en œuvre.

Madame la ministre encore une fois il faut faire simple. Une zone franche d’activité c’est un peu compliqué, une zone franche globale c’est simple. Et cela n’interdit nullement de traiter différemment les secteurs d’activité en fonction des choix que les territoires auront exprimé.

Permettez-moi par ailleurs, de vous faire part de notre très vive inquiétude sur le rapport à mi-parcours effectué sur l’octroi de mer par un cabinet privé pour le compte du ministère et qui doit être transmis à Bruxelles très prochainement. Ce rapport nous paraît plein d’inexactitudes, d’incohérences et traduit surtout un manque de connaissance du fonctionnement du dispositif. Nous vous demandons instamment de ne pas le transmettre en l’état.

Que l’on comprenne bien qu’en disant cela je ne m’exprime pas pour les seuls entrepreneurs mais surtout pour les entreprises, collectivités d’hommes et de femmes réunis autour d’un projet pour créer des richesses partagées.

C’est dans cette perspective de contribution active aux défis qui nous attendent qu’à côté des commissions Economie, Tourisme et Mer, nous avons mis en place une commission BTP. Concernant ce secteur d’activité en particulier, il faudra bien enfin régler le problème récurrent des impayés, notamment des collectivités locales. C’est le secteur qui a perdu le plus d’emplois depuis dix ans.

Nous ne pouvons pas en effet, nous tous, nous satisfaire d’une situation où le nombre de chômeurs reste supérieur au nombre d’emplois du secteur concurrentiel et où le taux de chômage des jeunes s’avère toujours aussi alarmant : près de deux fois et demi celui de métropole.

Si la situation est compliquée partout, elle l’est encore davantage dans certains de nos territoires, à Mayotte, en Guyane, dans les îles du Nord, où à Walis et Futuna.

Nous avons la conviction chevillée au corps que seul le développement économique nous permettra de regarder plus haut.

Le développement économique passe par le savoir , la connaissance, le savoir-être, la mobilité, la polyvalence, la maîtrise des langues étrangères : bref, l’excellence, dans toutes les acceptions du terme que requiert le monde d’aujourd’hui.

Quand je regarde le « Medine education village » à Maurice où se retrouvent nombre de grandes écoles ou d’universités françaises telles qu’entre autres Panthéon-Assas, ESSEC Business School ou Paris Descartes, je ne peux m’empêcher de regretter qu’on ne l’ait pas fait à la Réunion. Mais je me dis surtout qu’il faudrait éviter que cela se fasse ailleurs que dans nos territoires dans la zone Antilles Guyane.

Si l’on veut des filières d’excellence et des jeunes formés, notamment dans l’économie du savoir, du numérique, des économies de la mer ou de la transition énergétique, pourquoi ne pas initier un grand campus international où l’enseignement se ferait en français, mais aussi en anglais et en espagnol.

Je reviendrai prochainement vous faire part de propositions précises et d’initiatives privées dans ce domaine.
La tâche qui nous attend est donc lourde.

Je dis bien « nous » car c’est entre nos mains à tous que se trouve l’avenir de nos Outre-mer.

Je relisais il y a peu ce que j’avais déclaré l’année dernière à la même date :

Aux hommes d’État et aux politiques qui nous disent : Mesdames et Messieurs les chefs d’entreprise, travaillez à développer et d’une certaine façon à sauver l’Outre-mer, nous répondons : Hommes et femmes politiques, parce que c’est vous qui êtes les plus responsables au sens premier du terme, faites-nous de la bonne politique, faites-nous des Outre-mer où il y a encore des raisons d’espérer, des moyens de s’accomplir, des raisons d’être fiers.

Donnez ou redonnez aux Outre-mer toute leur place dans la République, toute leur dignité et les Outre-mer tireront toute la France vers le haut.

Pour cela, Madame la ministre, après le temps de la concertation, il faut oser.

« Oser à temps est le moyen de ne pas céder tardivement » disait un homme politique qui s’appelait … Emile de Girardin

Mais en digne fille de Saint-Malo et de Saint-Pierre-et Miquelon, je sais que ce mot ne vous fait pas peur.

Oser pour ce Gouvernement faire de nos Outre-mer une priorité, afin qu’il acquière le « réflexe outremer ».

Oser imposer au ministère du Budget de respecter cette priorité.

Oser, comme vous l’avez fait, proposer des filières mer-études pour enfin permettre à nos jeunes ultramarins de s’approprier la mer.

Oser relancer l’apprentissage en permettant, par exemple, que la première année puisse s’effectuer au sein du SMA, ce formidable outil d’insertion et de réussite de ceux qui sont en marge du système.

Oser enfin assumer devant l’opinion publique une politique ultramarine offensive et courageuse

Oui il faut oser.

Cette mission dont j’accepte que nous prenions toute notre part, est essentielle si l’on veut redonner à nos territoires et à leur jeunesse des perspectives plus exaltantes que celles qu’ils connaissent depuis des décennies.

Encore une fois bonne année à tous,

Bonne année à tous les membres de la FEDOM, du Bureau et du Conseil d’administration que je remercie pour leur soutien et leur amitié

Bonne année à tous les entrepreneurs et à leurs collaborateurs

Bonne année aux responsables politiques,

Bonne année à vous amis journalistes et à la presse qui traverse encore quelques turbulences

Et bonne année à vous tous mes chers amis ultramarins la plupart du temps méconnus, souvent caricaturés et parfois oubliés.

Et pourtant, il me revient à cet instant cette superbe chanson qui fut écrite pour la Réunion mais qui est universelle.

Mon île,
Tu as réuni dans ton coeur,
Des gens de toutes les couleurs,
Comme un défi au monde entier.
Pour le pire et pour le meilleur,
Tu as choisi comme âme soeur,
Le pays de la liberté.

Le pays de la liberté, notre France républicaine, métissée, chaleureuse et humaniste que nous aimons.

Je vous remercie de votre attention.

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