La parole à Nadia Ramassamy, Présidente de l’Intergroupe Parlementaire des Outre-mer
NADIA RAMASSAMY, Présidente de l’Intergroupe Parlementaire des Outre-mer et Députée de La Réunion
La FEDOM – Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours personnel et votre engagement politique ?
Je suis une femme, réunionnaise, et, médecin généraliste à Sainte-Suzanne depuis 1988.
Ayant toujours été accessible et proche des autres, je me suis vite rendue compte que des actions été encore à mener pour faire évoluer les conditions de tous. C’est donc tout naturellement que je me suis engagée dans la vie politique locale dès 1995.
J’ai été élue pour la première fois conseillère générale de Sainte-Suzanne en 1998. Vice-présidente déléguée au développement local et à l’économie solidaire, j’ai pu mettre rapidement en oeuvre des projets qui me tenaient à coeur en particulier à destination des populations les précarisées.
En 2010, le mandat de Vice-Présidente de la Région Réunion m’a été attribué. Défendant toujours une ligne d’action sociale, j’ai été successivement déléguée à la solidarité et à l’égalité des chances puis à la politique du logement. J’ai notamment pu mener des actions vis-à-vis du logement social. J’ai par exemple réussi à obtenir un budget dédié à la remise aux normes de nombreux logements vétustes.
Elue conseillère départementale en 2015 du canton Saint-Denis-1, j’ai été déléguée à la jeunesse. J’ai travaillé à la création de dispositifs d’aide à destination des jeunes leur permettant de mieux lancer leurs entreprises (dispositif ADEN – Aides Départementales aux Entreprises Nouvelles ou encore au T.A.J – Tremplin pour l’Activité des Jeunes).
En juin 2017, j’ai été élue Députée de la 6ème circonscription de La Réunion. C’est pour moi l’aboutissement national de mon engagement local. Siégeant notamment à la Commission des Affaires sociales-Santé de l’Assemblée nationale, je suis toujours déterminée à faire entendre non seulement la voix de ma région mais aussi à mener des actions qui permettront de voir les conditions de tous s’améliorer.
Depuis décembre 2017, j’ai été élue à l’unanimité Présidente de l’Intergroupe parlementaire des Outre-mer (IGPOM), un intergroupe parlementaire réunissant les députées, sénateurs et euro-députés ultramarins ainsi que des membres de CESE délégués à l’Outre-mer. Ce groupe a pour objectif de contribuer au développement et au rayonnement des territoires ultramarins et permettre ainsi l’épanouissement de leurs populations. Je compte poursuivre la dynamique transpartisane de ce groupe en en faisant une réelle force de proposition à l’attention du Parlement, du Gouvernement et de l’Union Européenne.
La FEDOM – Comment définiriez-vous votre vision du monde économique ultramarin ?
Le monde économique ultramarin regorge de potentiels. Nous possédons tous les éléments nécessaires à l’épanouissement de nos régions, et ce sur tous les plans (écologique, énergétique, productif, culturel, …). Mais de nombreuses actions sont toujours à faire pour une véritable dynamisation de nos territoire.
J’ai une pensée sociale et progressiste. Le bien-être de tous doit être une condition indispensable à notre dynamique économique. Je suis pour un libéralisme raisonné pour que nous puissions tous bénéficier de ses bienfaits. Je serais plutôt partisane d’un modèle Keynésien pour dynamiser nos régions.
Par ailleurs, Les politiques nationales et européennes doivent prendre en compte toutes les spécificités de nos régions. Je suis convaincue qu’il faut valoriser non seulement les nombreux atouts de nos territoires en s’appuyant sur leurs diversités respectives mais aussi sur leurs populations qui ont beaucoup à donner, notamment les jeunes qui pâtissent d’une précarité injuste.
La FEDOM – Quels sont les problématiques inhérentes à votre territoire que vous entendez porter en priorité au sein de l’Hémicycle ?
Comme vous le savez, la principale problématique inhérente à nos régions est le chômage. Je soutiendrai toutes les politiques qui permettront de soutenir l’emploi. Soutenir les politiques de l’emploi ne signifie pas qu’une partie de la population doit être lésée ou oubliée. Je déposerai tous les amendements nécessaires à favoriser l’emploi tout en promouvant l’égalité des chances.
J’ai d’ailleurs récemment interpellé le Gouvernement en séance à l’Assemblée Nationale pour l’alerter des graves conséquences des diminutions des contrats aidés et des aides au logement à La Réunion.
Une seconde problématique est le coût de la vie qui pénalise le pouvoir d’achat des populations ultramarines. Importer nous coûte cher alors même que nous disposons de toutes les ressources, qui, correctement exploitées, relanceraient nos économies. La Constitution et la Loi nous permettent d’envisager des expérimentations régionales à ce sujet.
En outre, je ferai entendre dans l’hémicycle la voix des entreprises les plus fragiles qui ont besoin d’aide de l’Etat pour se développer. Je promouvrai les secteurs d’avenir a fort potentiel comme par exemple en soutenant les politiques de développement des énergies solaires.
Particulièrement sensible aux questions sociales, j’ai souhaité siéger à la Commission sur les affaires sociales. Je continuerai à défendre notre protection sociale et proposerai des amendements qui permettront de la faire évoluer pour que chacun puisse s’épanouir justement dans notre société. Par ailleurs, je me positionnerai toujours de manière progressiste, luttant contre toutes les discriminations et militant pour l’égalité des droits. Personne ne devra être oubliée !
J’ai également l’intention d’apporter aux débats une compréhension transversale et pratique des différents enjeux de santé. Notre système de santé fait face à des mutations majeures. Je favoriserais à l’Assemblée toutes les politiques qui abattront les barrières d’accès aux soins.
Par ailleurs, le logement étant une thématique me tenant particulièrement à cœur, je continuerai à proposer et favoriser toutes les politiques permettant de se loger dignement et d’accéder plus facilement à la propriété.
Enfin je compte faire entendre la voix des réunionnais et des ultramarins sur plusieurs autres thématiques qui méritent un intérêt particulier : la continuité territoriale, la valorisation du patrimoine culturel, des efforts supplémentaires en matière d’écologie, …
J’ai pour objectif de porter la voix des ultramarins, pour que toutes les difficultés de nos territoires soient enfin prises en compte et que de réelles solutions soient apportées.
La FEDOM – Quels sont vos attentes vis-à-vis des Assises de l’Outre-Mer ?
Les Assises de l’Outre-mer ont pour objectif d’échanger sur les principales problématiques rencontrées par les ultramarins et les projets communs devant être portés. Nos concitoyens ultramarins se sont prononcés sur leurs besoins et les actions à mener pour améliorer leurs conditions. L’apprentissage et la formation professionnelle ont été les sujets qui ressortaient unanimement de ces Assises. Effectivement, des efforts supplémentaires sont à faire. Mais cela doit se faire de manière efficace sans précariser une partie de la population pour y arriver. Je souhaite que les moyens déployés soient suffisant permettant des actions structurelles plutôt que conjoncturelles.
Ces assises m’ont permis de confirmer que les actions que je souhaite mener restent très proches des attentes prononcées : l’amélioration en matière d’équipement public, le soutien à la création et au développement des entreprises, la protection de l’environnement, une promotion de la santé, la prévention notamment sur les habitudes alimentaires, la promotion de l’activité physique régulière, la protection maternelle et infantile, l’accès aux soins, la prévention en matière de délinquance et enfin la valorisation culturelle, trop souvent oubliée.
J’attends que toutes ces réflexions soient accompagnées de moyens concrets. En effet, il est important de donner des moyens aux ultramarins pour que les projets puissent être réalisés. Du pragmatisme avant tout !
Députée ultramarine et Présidente de l’Intergroupe Parlementaire des Outre-mer, je ferai résonner les réalités de tous pour permettre de réelles actions ! Je me devrais d’être au dessus des considérations partisanes quand l’intérêt général primera.
Mon parti, c’est toute la population !