Le Changement climatique met-il en péril nos Outre-mer ?

Le Changement climatique met-il en péril nos Outre-mer ?

Le Changement climatique met-il en péril nos Outre-mer ?

Une quarantaine de chefs d’Etat ont participé mardi 12 décembre 2017 à Paris au sommet sur le climat. Les Outre-mer seront les premières victimes du changement climatique. Par quels périls sont-elles menacées ?

En tout premier lieu, la hausse du niveau des mers qui est le meilleur indicateur du réchauffement climatique.

Après avoir connu une hausse globale de 17 cm au 20ème siècle, la hausse au 21ème siècle pourrait se monter à 1 m voire à 1 m 50 selon de nombreux scientifiques.

Cette hausse du niveau des mers n’est pas uniforme à travers la planète. On sait par exemple qu’en Nouvelle-Calédonie, cette hausse est deux fois plus élevée que la moyenne. La Polynésie se situe légèrement aussi au-dessus de la moyenne mondiale. La Réunion, Mayotte, la Guadeloupe et la Martinique sont au même niveau que la moyenne mondiale.

A cette variabilité régionale se superpose un autre phénomène très inquiétant pour la zone tropicale. « On s’attend à une hausse de 30% en plus de la hausse du niveau des mers dans cette zone », affirme la chercheure au Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS), Anny Cazenave.

En second lieu, l’acidification des océans

A ce phénomène déjà inquiétant s’ajoute en effet  l’acidification des océans. Un quart de nos émissions de gaz à effet de serre sont absorbés par la mer. Ceci nous permet de mieux respirer. Mais en ingurgitant tout ce CO2, la chimie des océans est transformée et cela a des effets sur les coraux qui auront de plus en plus de mal à fabriquer leur carcasse.

« Aujourd’hui on a augmenté l’acidité de l’eau de mer de 30% depuis les années 1800, précise Jean-Pierre Gattuso directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’acidification des océans, et on estime qu’elle va doubler ou tripler d’ici à 2100 en fonction des émissions de CO2 que l’on effectuera »

Cette combinaison de l’acidification, de la hausse de la température et du l’élévation de l’océan va avoir des impacts dramatiques par exemple sur les récifs coralliens. Or, on le sait, les récifs coralliens servent aussi de protection des rivages face aux tempêtes, aux houles et à l’érosion, poursuit Jean-Pierre Gattuso. Et donc cette fragilisation des récifs risque d’être dramatique pour le Pacifique sud, la caraïbe et l’océan Indien. 

Ce phénomène influe aussi sur la biodiversité.

Pour Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, les menaces qui pèsent sur les coraux sont aussi très inquiétantes. D’autant plus que les coraux comme les arbres ne se déplacent pas. « Quand on se trouve dans des zones déjà très chaudes, des espèces migrent vers le nord, mais elles ne sont pas remplacées par d’autres espèces, explique Bruno David. Simplement parce qu’il n’y a pas d’espèces qui soient dans des environnements plus chauds. Donc certaines vont être en capacité de s’adapter, certaines vont disparaître.

De nombreux scientifiques parlent aujourd’hui de 6e extinction de biodiversité. Des espèces disparaissent, mais pire encore au sein de certaines espèces la population s’amenuise de manière inquiétante.

L’intensification des cyclones.

Enfin, dernier effet du réchauffement climatique, l’intensification des cyclones, en nombre et en puissance.

Même si les les scientifiques ne sont pas encore certains d’un lien direct entre intensité des cyclones et changement climatique, ils estiment qu’il existe de fortes présomptions. En septembre, la Caraïbe a vue passer deux ouragans Irma puis Maria d’une intensité inégalée. Des îles telles que Saint-Martin et la Dominique ont été complètement dévastées.

Faut-il désespérer ?

Pour Alexandre Magnan, géographe et chercheur à L’Iddri, certes il faut être conscient de la situation, mais il ne faut pas désespérer. « Face à la hausse du niveau des mers, il faut penser en trajectoire d’adaptation : construire des murs, restaurer des récifs coralliens, replanter des mangroves, reculer les bâtiments pour qu’ils ne soient pas trop près de la mer. On a une combinaison de pleins d’options possibles qui vont à un moment donné faire effet boule de neige et permettre une adaptation sur le long terme« .

Le géographe précise que « les murs de défense qui sont bien pratiques dans certaines îles, mais ils ont des effets pervers« . « On a mis quelques décennies pour mettre en place des solutions robustes et intelligentes. Mais il faut s’en occuper maintenant car on ne transforme pas un territoire en 5 minutes », ajoute-t-il.

d’après Outre-mer 1ère

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