FRANÇOIS HOLLANDE, NOUVELLE TENTATIVE DE RECONQUETE

FRANÇOIS HOLLANDE, NOUVELLE TENTATIVE DE RECONQUETE

ELECTION PRESIDENTIELLE 2017 – FRANCOIS HOLLANDE, NOUVELLE TENTATIVE DE RECONQUETE

(Discours sur le thème : « La démocratie face au terrorisme » – 8 septembre 2016)

Actualité

Le président candidat a déployé son argumentaire de reconquête de l’opinion sur le thème en situation depuis les attentats de l’été : « La démocratie face au terrorisme ». Il le fait devant la Fondation Jean Jaurès et le think tank : Terra Nova, laboratoires d’idées en résonance avec le parti socialiste.

La bataille des idées doit précéder la confrontation politique et électorale. Une stratégie déjà défendue par François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, devenu en charge de l’opposition après la défaite électorale de 2002. Il n’y avait alors plus rien entre la droite et l’extrême gauche selon le sociologue socialiste, Michel Wieviorka.

Un exercice ainsi en forme d’actualisation argumentaire après les attentats de l’été et la mise en œuvre de la primaire de la droite et des centres illustrée par la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy. Sa motivation essentielle et tactique pourrait bien être là au regard des propos connus et convenus sur la lutte contre le terrorisme depuis les débats parlementaires sur l’instauration de l’état d’urgence et sa reconduction.

Stratégie

La stratégie intellectuelle, et plus prosaïquement argumentaire de François Hollande, se déploie ainsi comme un exercice déjà engagé lors de son discours du 3 mai dans le même cadre et sur le thème : « La gauche et le pouvoir ».

Même processus de fabrication à partir des événements dramatiques de Nice et de Saint – Etienne du Rouvray pour passer de considérations élevées aux tacles à l’encontre de ses cibles : en résumé, tous ses opposants d’où qu’ils viennent et glisser rhétoriquement du champ sécuritaire à celui du social, plus prometteur pour un candidat de gauche.

L’enjeu de positionnement à l’horizon de l’élection présidentielle : reconquérir une opinion sévère en formatant une offre politique plus favorable

1– L’échec en matière de capacité d’assurer l’équilibre entre lutte contre le terrorisme et maintien de l’état de droit

Sondage IFOP (3 – 5 août 2016)

Le plus capable (en premier) : Marine Le Pen : 21%, Nicolas Sarkozy : 17%, Alain Juppé : 15%, François Hollande : 10%, Jean – Luc Mélenchon : 7%, Emmanuel Macron, François Bayrou et Manuel Valls : 5%.

Le plus capable (en premier et en second) : Alain Juppé : 32%, Marine Le Pen : 30%, Nicolas Sarkozy : 29%, François Hollande : 16%, François Bayrou : 14%, Jean – Luc Mélenchon, Manuel Valls, François Fillon : 13%, Emmanuel Macron : 11%.

2– Imposer le critère déterminant du vote en 2017

Pour François Hollande et la gauche, le terrain le plus propice est celui de la défense du « modèle social ». Dans son discours, le Président candidat passe ainsi de la sécurité et du terrorisme à la dimension sociale de leur origine à l’instar d’ailleurs d’Emmanuel Macron. L’opposition répond par la voix d’Éric Ciotti que François Hollande a instrumentalisé les attentats. Alain Juppé ne se laisse pas marginaliser en récusant le travestissement de ses propositions.

Revenir sur le terrain de manœuvre social est capital. La gauche s’est toujours faite élire sur le social : 1981, 1988 et 2012. La droite se fait élire sur l’autorité à commencer par le Général de Gaulle qui est revenu en mai 1958 sur le manque d’autorité de la IV République. En 2002, Jacques Chirac se fait réélire sur l’autorité et sa déclinaison sécuritaire alors que Lionel Jospin défendait son bilan social, notamment en matière d’emploi. François Hollande revient sur le terrain le plus favorable au nom de la cohésion nationale, thématique des présidents sortants :

« La cohésion nationale, c’est aussi notre modèle social. J’en suis, parce que je suis le chef de l’Etat, le garant, mais il est le patrimoine commun des Français, le capital de ceux qui n’en ont pas. Il donne à notre démocratie une force qui va bien au-delà de règles juridiques. C’est ce que j’appellerais l’Etat social, c’est-à-dire l’ensemble des institutions qui organisent la solidarité entre les individus, les générations et les territoires ».

3– Favoriser le candidat jugé le plus facile à battre

Préférence manifeste donnée à Nicolas Sarkozy, cible préférentielle avec un certain crédit puisque celui – ci a opté pour un positionnement clivé auquel incite la procédure nouvelle d’élections primaires.

« …ceux qui veulent mettre en cause l’Etat de droit, pris dans leur envolée ou dans leur emballement, ou dans leur fuite en avant, je ne sais plus, parce qu’ils ne se sentent plus de limites. Ils pensent que le pouvoir est là, à portée de main. Ils y sont, ils s’y installent, ils s’organisent, ils pensent que l’élection, c’est la primaire, et que le reste n’a plus d’importance, que les Français viendront signer au bas de la page, et dire : puisque vous avez choisi, nous n’avons donc plus la possibilité de le faire ».

Deux stratégies s’opposent à l’élection présidentielle : celle du clivage et celle de la fédération. L’une comme l’autre a réussi et échoué. Succès du clivage en 1981 pour François Mitterrand, en 2007 pour Nicolas Sarkozy et en 2012 pour François Hollande. Succès de la stratégie fédérative pour Jacques Chirac en 1995 et 2002. Echec de François Mitterrand en 1974 contre VGE, de Jacques Chirac en 1988 et Nicolas Sarkozy en 2012.

Pour 2017, Nicolas Sarkozy a opté pour le clivage, Alain Juppé pour une stratégie fédérative. François Hollande parce qu’il est président sortant ne pouvant s’abstraire de l’exercice du pouvoir pendant 5 ans mécaniquement moins clivant que sa conquête, opte pour un positionnement intermédiaire : fédérateur et clivé à la fois, singularité d’un président – candidat en exercice.

4– Ménager les « frondeurs » et la gauche de la gauche.

C’est le fait nouveau par rapport au discours du 3 mai qui ciblait les initiatives des parlementaires socialistes qui s’opposaient à la loi travail.

Désormais, l’actualité est celle du risque d’attentats et surtout, la perspective de l’élection présidentielle. Il fallait cibler aussi l’initiative d’Emmanuel Macron et déconsidérer, la ligne : « sociale – libérale ».

Les réponses argumentaires : une seule proposition, la défense du bilan, et le positionnement d’un président sortant

1-La proposition : une limitation dans le temps pour tous les mandats mais avec la précision utile de la possibilité de se faire élire pour une autre fonction

« Il reste aussi beaucoup à faire sur la représentativité de nos Assemblées, pour les ouvrir davantage à la diversité de notre société. Si nous sommes fiers, je le suis, d’avoir limité le cumul des mandats – je vois qu’il y en a qui veulent revenir là-dessus, bel exemple de compréhension des évolutions de la société – moi je veux qu’on aille plus loin encore, en réduisant le cumul des mandats dans le temps, ce qui n’empêcherait pas, bien sûr, à ces élus, de concourir à d’autres scrutins ».

2-La défense du bilan avec l’énoncé des réformes accomplies et en matière de sécurité, la défense de l’Etat de droit. François Hollande comme tout l’argumentaire gouvernemental déployé depuis la reconduction de l’Etat d’urgence usent et même abusent, de cette notion comme l’a clairement exprimé le sénateur Michel Mercier, lors du débat en séance public au Sénat, le 20 juillet dernier.

La référence à l’Etat de droit ne signifie pas que la règle doit être figée. L’Etat de droit a été inventé pour éviter l’arbitraire. Les citoyens se soumettent au droit et non au bon plaisir d’un pouvoir discrétionnaire.

François Hollande persiste dans l’argumentaire gouvernemental :

« L’autre voie, la seule qui vaille, la seule qui soit efficace c’est celle de l’État de droit. C’est le choix que j’ai fait au nom de la France dans un quinquennat qui a été éprouvé par tant d’attentats, avant même que je n’accède aux responsabilités…. A l’intérieur, c’est avec nos lois, conformément à nos règles constitutionnelles, que nous traquons les djihadistes, démantelons les réseaux criminels, luttons contre la radicalisation et l’endoctrinement…

Il est faux de prétendre que l’État de droit entraverait la lutte antiterroriste ou que les démocraties seraient impuissantes face à la menace, ou pire encore que nous serions attaqués parce que nous serions faibles. C’est tout l’inverse… »

et récuse toute législation de circonstances (longs applaudissements)

3– La défense du bilan et son angle rhétorique pour revenir sur le terrain social : de « l’Etat de droit » à « l’Etat social ».

« Et de même que je refuse l’État d’exception, je me bats contre l’État d’exclusion. Celui qui d’ailleurs, prôné par les mêmes, démantèle la protection sociale, réduit les services publics, veut mettre en cause l’école de la République. Là encore, c’est la raison même de mon engagement ».

JEAN PIERRE HELBERT                                                                                              

9  septembre 2016 

 

 

 

 

 

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