Synthèse des rapports IEOM et IEDOM 2015
Extraits des rapports annuels de l’IEDOM et IEOM, pour en savoir plus consulter leur site : http://www.iedom.fr/iedom/publications/rapports-annuels/
Martinique
En 2015, l’économie martiniquaise confirme les premiers signes de reprise observés en 2014 : le climat des affaires a été particulièrement favorable et l’orientation des principaux indicateurs macroéconomiques est relativement encourageante. Les fondamentaux de la reprise restent toutefois fragiles.
La situation du marché du travail s’améliore légèrement, mais le chômage demeure structurellement élevé. Les agents économiques font preuve de prudence. La consommation des ménages repart timidement à la hausse, soutenue par les crédits à la consommation, mais s’oriente vers les biens de consommation durable. Pour leur part, les entreprises continuent d’investir mais pour le maintien ou le renouvellement de leur outil de production. De plus, face aux fluctuations de la demande, elles ont tendance à privilégier le déstockage.
Au niveau sectoriel, le secteur primaire garde le cap avec un retour à la normale du secteur de la banane et une bonne campagne cannière. Le secteur de l’élevage poursuit ses efforts d’innovation, la priorité étant portée sur la qualité des produits. Le segment de la croisière continue de dynamiser les arrivées touristiques. En revanche, les conditions économiques et sociales du segment de l’hôtellerie pèsent sur le développement du secteur du tourisme. Enfin, le BTP et l’industrie s’essoufflent.
Le secteur bancaire continue d’accompagner et de soutenir l’activité économique. Les encours des banques progressent auprès de l’ensemble des acteurs économiques, tout comme les avoirs de la clientèle. Par ailleurs, le taux de créances douteuses diminue.
Toutefois, l’élan suscité en 2015, notamment par l’évolution institutionnelle, est freiné du fait des délais nécessaires à la mise en place opérationnelle de la nouvelle Collectivité Territoriale de Martinique. Dans ces conditions, l’absence de visibilité quant à la programmation de nouveaux projets d’envergure et les anticipations plus pessimistes des professionnels laissent à penser que l’année 2016 sera une année de transition.
Guadeloupe
En 2015, l’économie guadeloupéenne a révélé quelques signes d’amélioration après deux années d’essoufflement économique. Portée par une faible inflation et une embellie sur certains secteurs, notamment le tourisme et le commerce, la conjoncture est mieux orientée : la consommation des ménages s’est maintenue et l’indicateur du climat des affaires, traduisant le moral des chefs d’entreprise, s’est redressé, atteignant son plus haut niveau depuis 2012.
Néanmoins, la situation globale de l’économie demeure fragile, dans un contexte économique national contraint. Les inquiétudes structurelles, comme la situation sur le front de l’emploi, perdurent et les perspectives d’activité s’avèrent incertaines, en particulier dans le secteur clé du BTP. Si les prévisions d’investissement des chefs d’entreprises sont mieux orientées depuis le deuxième semestre 2015, de sérieuses problématiques comme les délais de règlement des collectivités locales et le non-paiement des cotisations sociales se posent pour la santé des entreprises et l’économie du territoire.
Le secteur bancaire a accompagné ces évolutions observées sur l’année : la collecte retrouve un peu de vigueur et les encours de crédits sont en hausse, principalement tirés par les financements aux ménages, avec une nette reprise des crédits à la consommation et à l’habitat. Les entreprises et les collectivités contribuent également à cette progression de l’activité bancaire.
Le paysage bancaire guadeloupéen a connu des mutations qui vont se poursuivre en 2016. Les établissements de crédit vont continuer à développer leur stratégie commerciale tout en adaptant leur structure organisationnelle pour faire face aux nouvelles exigences au regard de la loi et du marché.
La Réunion
L’année 2015 confirme que l’embellie économique observée en 2014 est bien installée et a même gagné en vigueur tout au long de l’année. Maillon indispensable à l’enclenchement d’effet d’entrainement vertueux sur l’activité
et l’emploi, la confiance des agents économiques a continué de s’installer, favorisée par la combinaison d’éléments porteurs (NRL, mesures de politique monétaire non conventionnelles de la BCE, sortie de crise de la zone Euro, baisse des prix des matières premières etc..). Néanmoins, face à ces soutiens temporaires, exogènes ou exceptionnels, certains entrepreneurs doutent déjà et les signes d’un essoufflement apparaissent, laissant penser que le point haut du cycle est désormais proche. Les débats autour du modèle de croissance et de la capacité de l’économie réunionnaise à croire en son potentiel et à générer elle-même – de manière endogène – une croissance soutenue et durable reviennent au devant de la scène.
La coopération régionale, le tourisme, les économies verte, numérique, bleue offrent des vecteurs potentiels de développement qui, sous réserve de structuration et de fédérer les acteurs concernés autour d’eux, pourraient asseoir la croissance de demain. L’année 2015 marque déjà l’avancement de ces pistes de réflexion : plusieurs hôtels haut de gamme ont vu le jour ; les croisières se multiplient ; Port Réunion est devenu le nouveau hub de l’océan Indien de la CMA CGM ; La Réunion accueille le siège de l’Accord pour les pêcheries de la zone ; l’économie numérique s’attaque au très haut débit et à la télémédecine dans l’océan Indien etc.
L’activité bancaire s’est également renforcée en 2015, dans un contexte de conditions financières exceptionnellement accommodantes et d’intégration des nouvelles contraintes règlementaires. La montée du rôle des prêteurs institutionnels dans le financement de l’économie se poursuit alors que les banques classiques poursuivent l’assainissement de leur portefeuille et se repositionnent stratégiquement (OPA de la CEPAC sur la BR, développement du conseil et de l’ingénierie financière) en lien avec l’émergence d’un nouveau modèle de la banque de détail.
Mayotte
Si l’’année 2014 pour Mayotte a été marquée par l’entrée en vigueur de la fiscalité de droit commun et de l’accession du territoire au statut européen de Région ultrapériphérique (RUP), l’année 2015 aura constitué pour sa part une année de répliques, comme en témoigne l’attentisme des acteurs économiques mesurable par un positionnement de l’indice du climat des affaires toujours en deçà de sa moyenne de longue période.
Pour autant, les principaux indicateurs macroéconomiques de Mayotte pour 2015 sont en général plutôt encourageants, même si la croissance n’est portée que par le seul moteur de la consommation des ménages dont le dynamisme ne faiblit pas.
Dans un contexte de stabilité des prix, l’activité bancaire a pleinement accompagné l’économie. Elle s’exerce dans de réelles conditions concurrentielles à la fois en matière de collecte de ressources et de distribution de crédits avec comme principaux pôles de croissance les crédits à la consommation et ceux à l’habitat. La collecte de dépôts enregistre pour sa part une hausse significative en 2015 parallèlement à une croissance toujours très forte de l’émission fiduciaire. Le marché de l’emploi semble se formaliser progressivement puisque la hausse du nombre de demandeurs d’emplois est concomitante avec une réduction du volume du halo du chômage. La situation au regard de l’emploi reste toutefois caractérisée par une insuffisance structurelle de l’économie à créer suffisamment d’offre pour permettre d’absorber les classes d’âge qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Mayotte a donc durablement vocation à exporter sa jeunesse, à qui il faut offrir au préalable une formation adaptée et de qualité.
En matière sectorielle, le Département est face à une situation dichotomique puisque les activités traditionnellement concernées par la commande ou par les contributions publiques voient leur niveau ralenti alors que celles concernées par la consommation connaissent un volume d’affaire satisfaisant. Les deux moteurs de croissance que constituent la commande publique d’une part et la consommation des ménages d’autre part ont donc tourné à des vitesses très différentes en 2015. Ainsi par exemple, le BTP connaît une activité dégradée alors qu’à l’inverse, le niveau d’activité est bien orienté dans le commerce. Par ailleurs, les services marchands, le tourisme et le secteur primaire font face à des handicaps structurels (insuffisance d’infrastructures, coût du travail élevé, etc.) qui limitent leur potentiel de création de valeur ajoutée.
Or Mayotte a un besoin urgent de relever le défi d’un développement durable et pourvoyeur d’emplois. Pour ce faire, les promesses de financements européens reçues, conjuguées à celles du Contrat de projet État-Région, constituent de réelles opportunités. Toutefois, si les volumes de ces financements sont désormais bien identifiés, ceux-ci resteront de l’ordre du virtuel tant que les projets n’auront pas été mis en œuvre.
Guyane
Après une évolution fragile de la conjoncture en 2014, l’économie guyanaise est restée atone pendant l’année 2015 même si quelques signes d’amélioration ont été observés. Le climat des affaires a poursuivi son redressement mais demeure encore éloigné de sa moyenne de longue période.
En très légère hausse au cours des premiers mois de l’année 2015, l’inflation demeure néanmoins très modérée en Guyane, les prix progressent en moyenne quasiment au même niveau que pour la France entière.
La situation de l’emploi reste sous tension, mais l’ampleur de sa dégradation est moindre, et la baisse du nombre des jeunes demandeurs d’emploi amorcée en 2014, s’est poursuivie.
Les indicateurs de la consommation des ménages évoluent de manière contrastée tandis que l’investissement des entreprises accuse un recul significatif. En revanche l’investissement des ménages s’inscrit toujours sur une tendance très favorable.
A l’inverse de l’activité spatiale particulièrement dynamique, du secteur primaire bien orienté et du maintien du courant d’affaires dans le tourisme, le secteur de la construction ne perçoit toujours aucun signe de relance et les secteurs du commerce et des services demeurent en retrait.
Malgré un contexte économique fragile, l’activité bancaire conserve une progression soutenue même si cette tendance est moins significative qu’en 2014, avec un risque de crédit qui s’est légèrement accru pour l’année 2015.
St Pierre et Miquelon
L’orientation économique de l’année 2015 est resté globalement favorable, dans le prolongement de celle de 2014. Le bilan de l’année est cependant plus contrasté, certains indicateurs se dégradant sensiblement, notamment au niveau sectoriel.
L’activité a été principalement soutenue par les ménages, dont la consommation et l’investissement ont été les moteurs de l’économie en 2015. Les entreprises ont renforcé leurs investissements comme en témoigne le dynamisme des encours de crédits.
Le marché de l’emploi s’est de nouveau amélioré, le chômage ayant atteint en fin d’année son niveau le plus bas depuis une décennie. L’inflation a connu une légère reprise, notamment sur les produits alimentaires, redevenant supérieure à celle de la France entière. La faiblesse des prix de l’énergie a cependant atténué cette augmentation.
L’activité bancaire a été vigoureuse, marquée par une progression des encours de crédits des ménages et des entreprises, ainsi que par une nouvelle amélioration de la qualité des risques de crédit.
Le bilan sectoriel est plus nuancé, la saison touristique ayant été en demi-teinte en raison d’une diminution du nombre de croisiéristes, la commande publique étant en léger recul et les activités de la pêche ayant connu des résultats inégaux, marqués par la progression de la pêche artisanale et un recul de la pêche industrielle.
Les perspectives 2016 sont encourageantes, le faible niveau de l’inflation et la faiblesse des cours du pétrole devraient favoriser le pouvoir d’achat des ménages et soutenir ainsi la consommation. Les taux d’intérêt, maintenus à un niveau très bas, devraient également contribuer à favoriser les investissements immobiliers. Les nombreux chantiers publics, dont la construction de la nouvelle agence de l’IEDOM, devraient maintenir un niveau d’activité significatif dans le bâtiment.
Avec la mise en chantier par la Collectivité territoriale des 2 navires-ferries qui entreront en service en 2017, l’attribution par l’État de la nouvelle délégation de service public pour le transport maritime de fret, et des projets d’aménagements portuaires, l’année 2016 pourrait s’annoncer comme une année de transition vers un plus grand potentiel d’ouverture de l’archipel. L’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne, dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2017, constituera également un nouveau contexte pour l’insertion de l’archipel dans l’économie régionale. Bien que Saint-Pierre-et- Miquelon ne soit pas intégré à cet accord, la dynamique commerciale qu’il devrait induire entre ses partenaires pourrait également offrir indirectement de nouvelles opportunités à l’archipel. Il conviendra toutefois de bien analyser les impacts et les risques éventuels sur l’économie locale.
Nouvelle Calédonie
L’économie calédonienne a émis en 2015 plusieurs signaux d’essoufflement, accompagnés d’une perte progressive de confiance d’une grande partie des acteurs économiques.
Les incertitudes institutionnelles se sont intensifiées en début d’année avec l’absence durant trois mois d’un Président de plein exercice à la tête du gouvernement calédonien. Parallèlement, la dégradation du marché mondial du nickel a mis en exergue la fragilité du modèle économique calédonien, encore insuffisamment diversifié. Les inquiétudes se sont cristallisées localement autour des revendications des rouleurs, dont les blocages ont paralysé l’activité économique pendant plusieurs jours au mois d’août. Dans ce contexte plus incertain, les chefs d’entreprise ont témoigné d’une visibilité érodée et d’hésitations à engager des investissements conséquents.
Pour autant, l’activité est restée bien orientée dans plusieurs secteurs. La consommation privée se maintient à des niveaux toujours conséquents et l’investissement privé s’est montré dynamique. La demande de financement auprès des établissements de crédits est restée élevée notamment dans le domaine immobilier, stimulée par des taux d’intérêts particulièrement favorables et des dispositions fiscales incitatives. Le système bancaire, dont la situation se présente favorablement, a renouvelé son engagement en matière de modération des tarifs bancaires, thématique suivie avec attention par les pouvoirs publics.
La Nouvelle-Calédonie doit aujourd’hui miser sur un ensemble de relais de croissance durables, accompagnés d’une attention maintenue aux enjeux de rééquilibrage, de cohésion sociale et de réduction des inégalités. La tension croissante pesant sur les finances des collectivités contraint néanmoins l’accompagnement de cette transition par les pouvoirs publics.
Dans cette période sensible, la question du pilotage économique et social du territoire apparaît particulièrement prégnante, et l’Institut d’émission outre-mer continue à y contribuer par sa mission d’expertise et de suivi auprès des agents économiques.
Wallis et Futuna
L’économie de Wallis-et-Futuna est atypique. Sa transition d’une économie traditionnelle vers une économie de marché a débuté lorsque l’archipel est devenu un Territoire d’outre-mer français au début des années 1960. Elle se poursuit aujourd’hui en combinant valeurs culturelles et économie de marché.
Après le fléchissement observé en 2014 suite à l’achèvement des chantiers d’envergure en 2013, l’année 2015 se caractérise par une stabilité de l’activité économique, ce que confirment les professionnels interrogés lors des enquêtes à dire d’experts.
La population du Territoire continue à décroître à un rythme modéré, mais le niveau de l’emploi se maintient, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public.
Dans ce contexte, le secteur du commerce retrouve un rôle moteur grâce à l’augmentation de l’offre commerciale, à une inflation modérée et au maintien du niveau de consommation des ménages.
Les entreprises du secteur du BTP se sont adaptées au niveau de l’activité générée par la demande locale. Le nombre de salariés déclarés dans ce secteur, qui avait diminué de moitié en 2014, se stabilise en 2015.
Toutefois, l’effort d’investissement des entreprises poursuit son ralentissement. L’évolution de l’encours des crédits d’investissement, d’une part, et des importations de biens d’équipement réalisées par les entreprises locales, d’autre part, semble refléter un repli de leur propension à investir. La contraction des importations totales induit une réduction des recettes du Territoire.
L’activité du secteur bancaire s’est accrue avec une progression des crédits octroyés aux ménages et aux collectivités locales. Les indicateurs de vulnérabilité des ménages s’améliorent, ce qui témoigne d’une appropriation des pratiques bancaires.
Le développement du secteur privé constitue le véritable enjeu des prochaines années compte tenu des impacts prévisibles sur le marché de l’emploi, l’émigration et les finances du Territoire.
Polynésie Française
Le bilan économique 2015 de la Polynésie française est encourageant. Pour la deuxième année consécutive, la croissance est au rendez-vous. Et ce regain d’activité a enfin permis de créer des emplois, alors que chaque année, depuis sept ans, l’économie polynésienne ne cessait d’en détruire.
Ces meilleurs résultats tiennent à la poursuite du redressement de certains secteurs, dont le secteur-clé du tourisme, ou à l’entrée en convalescence d’autres, dont celui de la construction. Par ailleurs rassurés par la clarification du contexte politique local et par la pérennisation du dispositif national de défiscalisation, les chefs d’entreprise retrouvent confiance sur le moyen terme.
Mais la Polynésie française demeure dans une situation économique et sociale difficile. La reprise économique demeure hésitante, encore trop ténue pour effacer les stigmates de la crise qui a durement éprouvé le territoire et sa population. Faire refluer le chômage significativement, et par voie de conséquence réduire le niveau général de pauvreté, reste au cœur des préoccupations. En cela, fort du redressement incontestable de ses finances, le Pays s’attache à relancer la commande publique, dynamisée par un partenariat renoué avec l’État, qui notamment démultiplie l’investissement en faveur du logement social. Reste alors la part de l’investissement privé, indispensable et pourtant attendue, qui seule sera capable de catalyser le potentiel de croissance des nombreuses ressources propres du territoire (tourisme, économie bleue, filières primaires).
Complexe, l’équation de l’économie polynésienne, qui intègre aussi un changement probable et durable du comportement de consommation des ménages, rassemble des termes qui, à bien des égards, symbolisent une transition économique. Ce dont tous les acteurs sont dorénavant convaincus.