Historique des cotes de popularité avant les élections présidentielles

Historique des cotes de popularité avant les élections présidentielles

COTE DE POPULARITE ET ELECTION PRESIDENTIELLE –   LA CONFUSION DES SENTIMENTS HISTORIQUE

ACTUALITÉ

Les records d’impopularité de FRANÇOIS Hollande laissent penser que son sort électoral pourrait être définitivement fixé si l’on se réfère à de nombreux commentaires.

Les chiffres, il est vrai, sont sévères et uniques pour un Président de la cinquième République, élu au suffrage universel direct : 19% positifs (-2) pour BVA (25-26 avril), 15% (-1) pour la SOFRES, (avril), 16% (+1) pour IPSOS (15 – 16 avril)

Pourtant, le Président de la République et ses proches mettent en place un dispositif de reconquête de l’opinion. Son intervention, le 3 mai dans un colloque de la Fondation Jean Jaurès et de Terra Nova est un véritable argumentaire de campagne qui sera exploité en même temps qu’un positionnement à gauche qu’il fallait rappeler.

THÈSE

L’élection n’est pas jouée. La majorité attend avec intérêt la primaire de la droite républicaine et du centre. Elle entend bien interférer avec les débats pour débusquer les points forts de clivage auxquels l’opinion sera sensible.

François Hollande et ses soutiens font le pari que popularité et élection, ce n’est pas la même chose. Cette confusion entretenue aujourd’hui pourrait ainsi s’estomper pour revenir vers de la rationalité dans le choix des offres politiques en revenant sur le terrain de prédilection : le social et le fiscal notamment. Comme François Mitterrand en 1981.

La popularité, la confiance sont de l’ordre du ressenti et de l’apparence. Une élection, c’est un choix entre des offres politiques qui font appel à la rationalité et aux intérêts bien compris des électeurs. Aucun sondage n’a jamais donné le résultat final, un an avant l’élection.

L’exercice n’est pas le même et le mélange des genres entraîne confusion et méprise comme l’historique des précédents scrutins présidentiels le montre.

LES PRECEDENTS (sur la base des sondages SOFRES)

Les gagnants : malgré une popularité volatile, ils ont su saisir les événements

1-François Hollande

Premier secrétaire du Parti socialiste, il est coté depuis mars 2000. Sa Cote d’avenir alors: 30%. Novembre 2011 : 50% après avoir gagné la primaire et avoir enregistré un plus bas à 19% en novembre 2009 entraîné par l’échec du PS aux européennes dont il n’est plus le Premier Secrétaire. Martine Aubry lui a succédé dans des conditions controversées par sa concurrente Ségolène Royal.

En résumé, sa victoire à la primaire socialiste a mécaniquement « boosté » sa cote. A noter que les victoires électorales du PS de 2004 dont il dirigeait les campagnes : cantonales, régionales, européennes et referendum interne au parti socialiste sur le traité européen, lui avaient permis d’atteindre un maximum de 42% en janvier 2005 vite reperdus avec la victoire du non au referendum de 2005 puisqu’il appelait à voter « oui ». Il ne sera pas dès lors candidat à la primaire pour 2007 face à DSK, Fabius et S. Royal.

Conclusion : sa popularité volatile n’a pas été un facteur de réussite mais n’était pas rédhibitoire non plus. Il va ainsi à la confrontation électorale interne. Servi par les mésaventures new-yorkaises de DSK, il s’impose. C’est la volonté et la maîtrise de l’exercice qui ont fait son succès. Pas sa cote qui s’était toutefois redressée début 2011, au-dessus de 30%. 46% en juin 2011.

2-Jacques Chirac

Son ralliement à VGE pour l’élection présidentielle de mai 1974 et sa fonction de Premier Ministre lui confèrent un maximum à 53% de cote d’avenir. La rupture en 1976 l’amène à un plus bas à 33% en septembre de la même année. Il touche le fond à 23% en décembre 1979 après les victoires de l’UDF en 1978 et aux européennes en 1979.

En juin 1981, il est à 37%. Cote très inférieure à celle de son ralliement en 1974. 31% en juillet 1981. L’électorat de droite commence à comprendre ce que veut dire l’alternance totale, présidentielle et législative. Jacques Chirac est sanctionné. Toutefois, au fil de la mandature, perçu comme le chef de l’opposition et le gagnant des élections législatives, il est à 59% en avril 1986.

Comme pour François Hollande, c’est l’événement qui fait la cote.

En 1993, débâcle socialiste aux législatives attendues. L’impact Chirac est moindre. Il est à 47% de cote d’avenir. La concurrence d’Edouard Balladur l’amène à un plus bas à 35% en décembre 1994 alors qu’il a déjà fait acte de candidature à l’élection présidentielle.

Le croisement des courbes se fera à son avantage en intentions de vote en février 1995. L’inversion se révélera définitive.

Conclusion : l’événement et la détermination avec un choix stratégique fédérateur en mettant en avant la lutte contre l’exclusion et la « fracture sociale » permettront une victoire inattendue au regard des sondages fin 1994.

La popularité et l’élection ne coïncidaient pas. L’offre politique a été déterminante.

3-François Mitterrand : pas populaire et contesté dans son propre parti, il joue l’offre politique en se positionnant très à gauche et l’emporte

Cote la plus basse : 36% en janvier 1985. Il reprend du terrain avant l’élection législative de mars 1986 : 46%.

En 1988, il reconquiert l’opinion : 62% en février. Il préserve son capital confiance jusqu’à l’élection présidentielle. Avec le slogan : «  La France unie ». Clivant en 1981 pour gagner, fédérateur en 1988 pour se prolonger.

Les gagnants populaires

1-Georges Pompidou, Premier Ministre du Général de Gaulle pendant 6 ans, remercié après les événements de mai 1968 et la victoire législative de juin qui lui revenait largement. L’opinion libérée des conséquences de la révolte, a jugé la mise sur le côté un peu injuste L’ancien Premier Ministre a pu ainsi conserver une réelle audience auprès d’une majorité qui voyait en lui un homme solide. Il est resté populaire et a facilement gagné contre son concurrent centriste : le président du Sénat, Alain Poher. La gauche avait été éliminée dès le premier tour avec son candidat Gaston Defferre en duo avec Pierre Mendès-France.

2-Nicolas Sarkozy en 2007 : une popularité venue de son passage au ministère de l’Intérieur

Son soutien à Edouard Balladur et la victoire de Jacques Chirac l’amènent à un plus bas à 19% de cote d’avenir en novembre 1996. Il retrouve un maximum de 59% en mai 2003. La fonction crée l’organe selon le dicton. Un ministère de l’Intérieur bien conduit fait la popularité. Le ministère des finances est moins rentable de ce point de vue et la concurrence avec le Chef de l’Etat n’est pas bien perçue par l’électorat de la droite républicaine légitimiste. 45% en août 2006 serait presque un handicap. Pourtant, le niveau de popularité est toujours là parce qu’il s’agit d’un socle solide de partisans. Il lui permettra la victoire associée à la thématique du pouvoir d’achat encouragé par voie fiscale.

3-Valéry Giscard d’Estaing : populaire ministre des finances, à ce titre très visible même sur des sujets fiscaux ardus comme l’avoir fiscal.

L’opinion reçoit bien un style pédagogique qui donne à l’auditeur le sentiment d’être pris au sérieux en le rendant plus intelligent.

Elu de justesse en 1974, moins de 220 000 suffrages à basculer pour 26 724 595 suffrages exprimés, VGE se relance dans l’opinion avec les élections législatives de 1978 : 62% de cote de confiance. Ce maximum sera renouvelé en janvier 1979, avant les élections européennes et malgré la création du RPR devenu hostile. Effondrement à 50% tout de même avec l’affaire des diamants. Puis lente régression. En février 1981, après l’investiture de François Mitterrand par le congrès de Créteil, fin janvier, la défiance l’emporte : 51% ne font pas confiance à VGE contre 44%. Il n’inversera plus la tendance.

C’est moins les diamants que la comparaison des offres qui a fait le résultat. Popularité et élection, ce n’est pas la même chose.

Les perdants populaires

1-Jacques Chaban – Delmas, ancien Premier Ministre de Georges Pompidou, le maire de Bordeaux reste populaire par son style. Il a un atout a priori déterminant avec le parti gaulliste majoritaire qui le soutient. Mais sa campagne ratée le perdra en comparaison de celle de Valéry Giscard d’Estaing, sans grand parti politique derrière lui mais qui s’impose par son talent. Le ralliement de Jacques Chirac et de parlementaires gaullistes pompidoliens à VGE jugé plus apte à contrer F. Mitterrand et son programme d’inspiration marxiste selon ses auteurs, feront la différence.

2-Ségolène Royal

Populaire dès juillet 1997 avec 52% de cote d’avenir. Elle est pénalisée par l’échec de Lionel Jospin en 2002 et atteint un plus bas à 32% en octobre 2003.

Retour en 2004, avec les élections régionales. Elle emporte la majorité en Poitou-Charente. Elle est appelée : « la zapatera » du nom du Premier ministre espagnol. Les attentats de Madrid ont objectivement aidé à sa victoire avec pour conséquence en France de stimuler la campagne régionale des socialistes. S. Royal qui veut la présidence de l’Association des régions de France est toutefois bridée dans son ambition d’une fonction nationale plus visible médiatiquement pense – t –elle.

Elle met à profit sa victoire et son audience médiatique. Elle est à 57% de cote d’avenir en juillet 2006. Elle emporte la primaire contre DSK et Fabius. Décembre 2006, elle culmine à 61% de cote d’avenir.

Echec à la présidentielle. Sa cote s’érode. Elle ne résiste pas à la comparaison des offres politiques.

3-Lionel Jospin

Popularité à son maximum en juin 1997, après la victoire législative suite à la dissolution : 72%. Sa cote va s’éroder mais avec des allers – retours en concurrence avec Jacques Chirac qui retrouve les faveurs de l’opinion après la coupe du Monde de foot –ball en 1998.

Lionel Jospin sera toujours largement au-dessus de 50% avec deux pics à 65% en 1999. Les 35 heures ne l’ont pas pénalisé. En revanche, la question du pouvoir d’achat qui devient prioritaire en 2002 et la séquence courte mais suffisante de la priorité donnée à la sécurité, entraînent son élimination. Populaire encore en avril 2002 à 59% ce qui démontre une bonne résistance pendant la campagne électorale, il échoue cependant de justesse à être au second tour, devancé par Jean – Marie Le Pen qui n’est pas populaire mais à un socle solidifié désormais de partisans.

La popularité de Lionel Jospin en valeur absolue n’a pas endigué le sentiment diffus de son érosion réelle après cinq ans de gouvernement.

4-Edouard Balladur

Une popularité liée à l’exercice de la fonction de Premier Ministre : 68% en décembre 1993 pour le ministre des finances de 1986 qui a supprimé l’ISF et jugé coupable à ce titre, de la défaite de 1988 à l’élection présidentielle.

65% en janvier 1995 alors que Jacques Chirac est en campagne. Erosion rapide, croisement des courbes à la mi – février. Echec. Le capital popularité a fondu en quelques semaines.

 

Les perdants impopulaires faute de visibilité hors séquence présidentielle et dans un espace politique minoritaire. Leur profil personnel n’est pas en cause. Popularité fugace, intermittente. Echec électoral.

1-François Bayrou

Popularité liée à sa visibilité pendant les campagnes électorales : 47% en juin 2002, 65% en mai 2007, 49% en mai 2012. L’événement passé, François Bayrou retourne dans un certain anonymat avec des cotes qui cependant, s’améliorent globalement au fil des scrutins. Il dépasse les 40% en 2008 mais son étiage est plutôt autour de 30% en période non électorale présidentielle. En résumé, il gagne à se faire connaître par l’opinion et est même alors populaire. Sans résultat concret conforme à son objectif.

2-Raymond Barre

Une cote au plus bas début 1981 : 20% en mars ce qui ne facilitait pas les choses pour VGE qui a révélé récemment dans une série d’entretiens avec Frédéric Mitterrand le manque de sens politique de son Premier Ministre. Une cote au plus haut avant les législatives de 1986 et l’alternance prévisible : 52% en avril 1985 et février 1986. Même regain de popularité en février 1988 alors qu’il était candidat à la présidentielle.

Après le scrutin tendance générale à la baisse avec un sursaut en février 1995. Encore une fois avant un scrutin présidentiel. L’intermittence de popularité ne permet pas le succès.

Cas de Simone Veil. Elle n’a pas été candidate à l’élection présidentielle mais très populaire, elle réalise un très mauvais score aux élections européennes de 1989 : 8,43%.

Jean -Pierre HELBERT

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