Élection présidentielle 2017, François Hollande Président-candidat : son argumentaire
Élection présidentielle 2017, François Hollande Président-candidat : son argumentaire
(Discours au colloque de la Fondation Jean Jaurès – « La gauche et le pouvoir » – 3 mai 2016)
Actualité
La stratégie présidentielle de reconquête de l’opinion est en cours. Le rythme est soutenu et intense. Soutenu en termes de calendrier par les interventions du Président de la république lui – même dans les medias et sur le terrain. Intense par les initiatives de ses partisans, le choix stratégique de défendre le bilan et la mise en ordre de marche du dispositif gouvernemental, fut –ce sous contrainte et marginalisation des insoumis.
Stratégie
Depuis une semaine environ et l’initiative de Stéphane Le Foll : « Eh oh, la gauche », la stratégie est celle d’un retour sur le terrain du bilan et surtout du « social ». Les attentats de 2015 ont effacé le bilan et entraîné la gauche dans des débats qui la fracturent comme la déchéance de nationalité
Retour aux fondamentaux et défense du bilan selon la formule présidentielle : « Ça va mieux ». Le dispositif gouvernemental s’aligne. Manuel Valls lui – même fait le travail. Ce fut le cas lors des questions au Gouvernement, mardi 3 mai : reprise du slogan « ça va mieux, clivage droite –gauche revendiqué et soutien à Myriam El Khomri.
C’était l’essentiel de la séance sur le fond de la stratégie.
Le même jour, François Hollande prononçait un discours qui fera référence argumentaire et de réflexion pour la campagne à venir en clôture du colloque de la Fondation Jean Jaurès dirigée par Gilles Finchelstein, qui fut un proche de DSK et Anne Sinclair et dispose d’un crédit intellectuel certain au parti socialiste. Le thème choisi : « La gauche et le pouvoir » était dans l’actualité de la stratégie présidentielle et a permis à François Hollande de faire le point, de recadrer son action et de fournir l’argumentaire pour la campagne présidentielle 2017.
Manuel Valls était présent ainsi que Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis et de nombreux parlementaires.
La base argumentaire en 27 points !
Extraits significatifs du discours présidentiel, de la plaidoirie présidentielle à l’encontre de sa gauche, de l’argumentaire électoral contre l’opposition. François Hollande est de gauche. Il entend le prouver alors qu’il est contesté par certains de ceux qui furent de sa majorité présidentielle en ne ménageant pas non plus l’opposition.
1- La légitimité de la gauche au pouvoir par la preuve
La gauche a dirigé la France à plusieurs reprises sous trois République et rien que sous la 5e, c’est la 4ème législature. L’œuvre transformatrice est impressionnante et elle n’est d’ailleurs pas autant discutée qu’il y paraît. La preuve, c’est qu’une grande partie de ce qui a été fait dans cette Histoire n’a jamais été défait.
2-Le contexte de la gauche au pouvoir et en creux, ce qui légitimerait le quinquennat Hollande
La Gauche n’a jamais accédé au pouvoir par une mer de tranquillité, sous un ciel de sérénité et par temps calme et c’est parce la Nation vit des épreuves qu’elle y arrive, la Gauche au pouvoir. C’est parce que face aux épreuves les autres n’y arrivent pas, qu’elle y parvient.
3-Le défi de la gauche, c’est aussi le sien !
Relever le défi, tenter de réussir là où d’autres ont échoué, c’est l’honneur d’un Gouvernement de Gauche, tenir bon au point que les réformes combattues lors de leur mise en œuvre deviennent le plus souvent celles du pays tout entier, quelques années plus tard. C’est ainsi que l’on reconnaît les grandes lois de la République, ces lois que d’autres voulaient abroger et qu’ils ont fini, le temps venant, par garder.
Je ne vais pas ici dresser un inventaire mais rendre justice à une constance réformatrice, qu’il s’agisse de la laïcité de 1905, des congés payés, des conventions collectives de 1936, de l’abolition de la peine de mort, des lois de décentralisation, de la retraite à 60 ans, après 1981, de la CSG, du RMI et après 1988, de la l’APA, la CMU, ou des 35 heures entre 1997 et 2002, la Gauche écrit son action autant qu’elle l’inscrit dans la mémoire collective. La Gauche n’agit pas simplement pour aujourd’hui mais pour demain. Mais la réalité qu’elle affronte ne se réduit pas comme à d’autres périodes au mur de l’argent, à la finance, aux disciplines budgétaires ou à la mondialisation, ce qu’elle découvre à chaque période où elle est amenée à servir le pays, c’est que l’Histoire est tragique et elle répugne à s’y préparer et même à concevoir que l’Histoire peut être tragique.
4- Contre les déclinistes de la gauche et confirmation de la reconquête
Cette réalité, celle de l’action, cette grandeur aussi, celle de la responsabilité, constitue pourtant un indispensable ressort. Mais je le sais, pour beaucoup la Gauche n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle se conjugue au passé. On mythifie, le temps venu, ses avancées, sans penser à les revendiquer, à les valoriser, quand il est encore possible de poursuivre dans la durée.
5- Les quatre objectifs de la gauche. En creux, François Hollande est dans la ligne et répond à sa gauche
– Le premier, élargir la démocratie, la démocratie politique, nous l’avons fait à toutes époques, encore récemment, la parité, le non-cumul des mandats, la transparence, l’indépendance de la justice, la démocratie locale, avec les grandes lois de décentralisation de 1982, complétées par celles de 1988, depuis 2012, la réforme territoriale. La démocratie sociale, j’évoquais les conventions collectives de 1936, mais aussi le paritarisme pour la question des régimes sociaux, au lendemain de la guerre, les lois Auroux, en 1982. Dans le même mouvement, depuis 2012, la Parlement a inscrit plusieurs accords nationaux interprofessionnels, modernisé le dialogue social, une loi, dite loi REBSAMEN, l’a fait l’année dernière et aujourd’hui le projet de loi présenté par Myriam EL KHOMRI vise à donner une plus large place au dialogue social dans le cadre des entreprises. Démocratie politique, démocratie sociale, démocratie également territoriale, voilà un point fixe que la Gauche poursuit.
– Ensuite, la justice. Justice fiscale, de l’impôt sur le revenu, grande conquête du début du 20e siècle, jusqu’à l’impôt sur la fortune, la création de la CSG, pour le financement de la Sécurité sociale, l’imposition des revenus du capital comme ceux du travail depuis 2012. Justice sociale, avec des avancées pour les plus modestes et la construction, pièce par pièce, d’un Etat social qui doit à chaque fois être revisité. Justice territoriale avec les politiques de la ville ou le soutien aux services publics dans la ruralité.
– L’égalité c’est aussi ce qui est toujours poursuivi par les Gouvernements de progrès, l’Ecole de la République. En 1936 c’était l’école pour tous, Jean ZAY avait donné son nom, en 2016 c’est la réussite pour tous et à chaque étape, ce sont des Gouvernements de Gauche qui ont démocratisé, rénové, créé des postes, revalorisé aussi, la carrière des enseignants, avec aussi une dimension qui est celle de la laïcité. Encore aujourd’hui, dans chaque établissement scolaire, la Charte de la laïcité en rappelle les principes et un enseignement civique obligatoire est désormais dispensé.
– Il y a un dernier point, une dernière constante historique, c’est la modernisation du pays. La Gauche ne s’est jamais dérobée devant cette exigence. Celle qui au début des années 1980 a restructuré les grandes industries c’est la gauche de Pierre MAUROY, fait le choix de l’Europe monétaire, c’est Jacques DELORS, vaincu l’inflation dans les années 1990 c’est Pierre BEREGOVOY, rétabli les comptes publics et sociaux, c’est Lionel JOSPIN. La Gauche a très tôt compris, malgré les idées reçues, que pour répartir il fallait produire et que le progrès c’est une volonté, une résolution, une patience, celle qui rythme le changement, en prenant en compte le temps et le réel. Plus encore aujourd’hui à l’âge de la mondialisation et de l’information en continu, les évolutions essentielles se gagnent par des réformes et des réformes graduelles. Il n’y a ni table rase, ni ligne d’arrivée, il y a un mouvement constant, persévérant.
6- Le compromis, marque de fabrique revendiquée et imposée !
L’énergie qu’il faut y mettre c’est le compromis, je n’ose pas dire la synthèse, le mot est galvaudé, à tort. Le compromis est dans la fonction même que j’exerce et que le Premier ministre doit également poursuivre.
7- Le redressement, parmi les thèmes de campagne
Je le concède, la crise de la zone euro par exemple, a duré plus que je ne l’avais imaginé en 2012 et il a fallu s’y mettre et s’y remettre, à plusieurs reprises pour éviter son éclatement. C’était là la situation de 2012, avec déjà la Grèce, mais aussi d’autres pays, le Portugal, l’Irlande et même l’Espagne qui était frappés par une crise bancaire. De la même manière il est tout aussi exact que les prévisions de croissance établies lors de mon élection n’ont été nulle part vérifiées, pas plus en France que dans les autres pays européens et que des épreuves ont surgi, ont bousculé même nos plans. Que ce soit à l’extérieur avec les guerres au Mali, en Irak, en Syrie, que ce soit à l’intérieur avec le terrorisme qui a d’ailleurs exigé un effort budgétaire beaucoup plus conséquent en faveur de notre défense et de nos forces de sécurité et appelé également le Parlement à voter des législations pour faire face à la menace. Mais je ne m’étais pas trompé sur le diagnostic, j’en avais prévenu les Français, il fallait d’abord redresser pour ensuite redistribuer. Je vois même maintenant certains qui nous reprochent de le faire, de redistribuer comme si nous devrions nous imposer un redressement qui serait sans fin. Le redressement d’ailleurs qu’ils n’avaient pas accompli avant nous, mais il était de notre devoir de redresser d’abord pour redistribuer ensuite, et avec maîtrise, et avec responsabilité.
8- L’héritage…encore et toujours
Nous avons pris la direction d’une France accablée de déficits : déficits sociaux, déficits publics, déficits commerciaux, une France qui avait vu sa dette publique progresser de 600 milliards d’euros. Cela ne dit pas grand-chose à grand monde, 600 milliards d’euros, c’est 30 % de la richesse nationale de plus en 5 ans, cette dette publique étant passée de 60 % du PIB à 90 %. Mais le plus grave, c’est vrai, n’avait pas été suffisamment dit, c’est-à-dire la dégradation de la compétitivité de l’économie, la perte de nos positions sur les marchés étrangers, l’affaiblissement de notre industrie. Nous en avions d’ailleurs un indice avec la multiplication des plans sociaux qui nous ont saisis dès l’été 2012. Alors, il nous a fallu moderniser le pays pour lui assurer sa place dans la mondialisation.
9- Les entreprises, conception fédérative, gagnant – gagnant, et non de lutte de classes à l’instar de la gauche de la gauche
Nous avons donné à nos entreprises les moyens nécessaires pour assurer leur développement, la Banque publique d’investissement, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, le Pacte de responsabilité, l’appui aux PME, les plans de la France industrielle, la French Tech, tout cela permet aujourd’hui à nos entreprises, qui ont retrouvé pour l’essentiel les marges d’avant la crise, d’investir, d’innover, d’exporter et d’embaucher. Ce choix, je l’avais présenté dès novembre 2012 avec Jean-Marc AYRAULT, non pas comme je ne sais quel cadeau accordé au patronat, mais comme une politique en faveur des travailleurs et des entrepreneurs, parce que je ne distingue pas leur sort, je ne les oppose pas entre eux. Nous devons faire en sorte qu’ils trouvent leur compte les uns et les autres.
10- Le redressement des comptes
Moderniser, ce n’est pas simplement redresser l’économie, c’est aussi rééquilibrer les comptes, le déficit public se situera en dessous de 3 % l’année prochaine et nous l’avons fait en maîtrisant la dépense sans jamais renoncer à nos priorités.
11- La transition énergétique, signal à l’électorat écologiste
Moderniser c’est aussi anticiper. La transition énergétique, en France, votée par le Parlement, a permis d’être exemplaire au moment où nous nous sommes rassemblés, les chefs d’Etat et de Gouvernement, c’était après les attentats du 13 novembre à Paris, pour signer l’accord sur la lutte contre le réchauffement climatique.
Cette transition énergétique écologique est au cœur de ce que finalement nous portons, sans le savoir le plus souvent et sans l’avoir suffisamment assumé dans le passé.
12- La réforme territoriale
Qu’avions-nous voulu tenter ce que d’autres avaient toujours échoué à faire : 13 régions au lieu de 22, je n’en connais pas d’ailleurs, à la tête de ces 13 régions, qui me demandent de revenir aux précédentes. Nous avons également bâti des métropoles à taille européenne, permis le Grand Paris, renforcé l’intercommunalité dans le respect des communes, relancé la politique de la ville, assuré aux quartiers les plus pauvres une solidarité et permis aux territoires ruraux de ne pas se replier sur un passé qui est désormais révolu.
13- Les nouveaux droits
Moderniser le pays c’est aussi créer de nouveaux droits, droit au mariage pour les couples de même sexe, droit à une fin de vie digne et apaisée, droit à l’oubli pour les personnes atteintes d’une maladie grave, droit à la protection de ses données personnelles sur Internet, droit à l’IVG entièrement anonyme et gratuit, droit aux actions de groupe pour dénoncer les discriminations, droit aussi à pouvoir lutter contre la vie chère. La Gauche c’est toujours des droits nouveaux, des droits pour tous, des droits pour vivre mieux.
14- La réforme fiscale, un classique à gauche et justification de la politique fiscale conduite malgré son poids initial
La réforme fiscale est, si je puis dire, dans les gènes de la Gauche, au point que parfois elle finit par inquiéter, mais c’est l’idée de la justice, c’est l’idée du progrès, cela ne veut pas dire augmenter les impôts. Souvent, d’ailleurs, ceux qui sont contre la réforme fiscale, sont les plus grands propagandistes de la hausse des prélèvements et souvent les plus conservateurs ou les plus libéraux sont ceux qui augmentent les prélèvements, mais des plus modestes. Qu’avons-nous fait en cette matière ? Revenus du capital taxés comme les revenus du travail, création de nouvelles tranches d’imposition pour les hauts revenus, les niches fiscales plafonnées, le prélèvement à la source engagé, des baisses d’impôts depuis 2014 qui ont concerné 12 millions de contribuables et la prime d’activité qui touche 3 millions de Français. Je sais que beaucoup de ceux-là avaient pu être concernés par des dispositions fiscales ou de la majorité précédente, ou même de la nôtre, il était donc de notre devoir de leur redonner ce qu’ils avaient acquitté pour le redressement du pays et en fonction des marges, et seulement en fonction des marges dont nous pourrons disposer, il conviendra de poursuivre cette politique de réforme, de justice et de baisse des prélèvements pour les Français les plus modestes.
15- La finance maîtrisée, réponse au discours du Bourget qui serait abandonné !
Avons-nous renoncé à maîtriser la finance ? La finance, j’avais dit ce qu’il fallait en dire lors du discours du Bourget, cette finance qui avait provoqué la crise des subprimes, qui avait déstabilisé les économies, qui avait plongé beaucoup de pays dans la récession. Depuis 2012, pas seule, la France a agi pour introduire l’Union bancaire européenne. Aujourd’hui les dépôts des épargnants sont entièrement protégés en cas de nouvelle crise financière, les banques ont été mises à contribution pour nous assurer que ce ne sera pas le contribuable qui sera sollicité. Notre pays a voté une loi de séparation dans les établissements financiers pour distinguer les activités spéculatives des activités de dépôt, nous avons plafonné les bonus, les rémunérations variables, il me semble qu’il y a encore à faire. Partout, au G20, au sein de l’OCDE, en Europe, notre pays est à l’initiative pour lutter contre la fraude fiscale. Nous avons agi, pas seuls, mais nous avons permis qu’il y ait maintenant l’échange automatique d’informations entre les administrations fiscales et nous avons fait reculer le secret bancaire. Demain, avec une nouvelle loi, nous irons encore plus loin, y compris pour protéger les lanceurs d’alerte. Alors c’était aussi la responsabilité de la France que d’agir au niveau européen, au niveau mondial et ici, au sein de nos propres frontières, pour maîtriser la finance.
16- La protection du modèle social, réponse à sa gauche et à la gauche de la gauche
Est-ce que dans cette politique de redressement, notre modèle social a été entamé ? Il a été bien plus que préservé, aucun droit n’a été amoindri, aucune protection n’a été affaiblie. Ce modèle social a même été élargi, un demi-million de travailleurs sont partis en retraite à 60 ans au titre des carrières longues, la pénibilité est dorénavant prise en compte dans le calcul des droits à pension, la complémentaire santé, le tiers payant, les garanties contre les impayés de pensions alimentaires vont se généraliser. Les minima sociaux, les prestations familiales, l’allocation de rentrée scolaire, l’allocation personnelle d’autonomie pour les personnes âgées dépendantes ont vu leur pouvoir d’achat progresser.
Dans quel pays d’Europe y a-t-il eu autant de progrès réalisés depuis 4 ans ? Dans quel pays d’Europe la protection sociale a-t-elle été à ce point élargie ? Dans quel pays d’Europe a-t-il été possible d’accorder de nouveaux droits alors qu’il était demandé des efforts pour que les comptes publics puissent être restaurés ? Je ne dis pas qu’en France on vit mieux qu’ailleurs, il y a encore beaucoup à faire, mais je dis qu’on ne peut pas entendre une complainte qui laisserait penser, surtout au sein de la Gauche, que nous n’aurions pas été à la hauteur de nos responsabilités, que nous aurions mis en cause des principes fondamentaux de notre protection sociale, non. Tout n’a pas été sauvegardé comme s’il fallait mettre sous cloche notre modèle social, nous l’avons fait respirer, nous l’avons alimenté, nous l’avons élargi, nous l’avons renouvelé. Car c’est cela qui est demandé à la Gauche, non pas de gérer des acquis comme on gère une rente, mais de faire en sorte qu’on puisse donner à des générations nouvelles l’occasion d’espérer vivre mieux.
Des droits nouveaux ont été instaurés : droit individuel à la formation, droits rechargeables pour l’assurance chômage, bientôt le compte personnel d’activité. Avons-nous sacrifié la jeunesse, puisque j’en avais fait la priorité du quinquennat ? C’est pour elle que nous avons assaini les comptes publics. Moins de dettes pour demain, c’est d’abord moins de fardeaux pour les générations futures. Refonder l’école, investir dans l’écologie, le numérique, renforcer les libertés, c’est pour elle que nous avons fait en sorte qu’il y ait plus d’étudiants, qui puissent accéder à l’université, plus de bourses qui puissent être distribuées – un étudiant sur trois est boursier – plus de stages qui puissent être rémunérés, plus d’emplois d’avenir qui puissent être créés, plus de Garantie jeunes désormais avec ce qui est prévu dans la loi sur le Travail et la caution solidaire pour le logement. Oui, je le réaffirme ici, même si c’est dur pour la jeunesse, mais cela a toujours été dur pour chaque génération, encore plus dur aujourd’hui, c’est pour la jeunesse que nous devons agir et continuer à agir.
17- La sécurité en ligne avec l’Histoire de la Gauche et l’unité nationale revendiquée. Silence sur la déchéance de nationalité
La responsabilité qui était la mienne, qui est la mienne, avec le Premier ministre et les membres du Gouvernement, c’est aussi de penser aux Français qui ne jugent plus la Gauche, la droite mais simplement ce qui va être fait. C’est également d’assurer l’unité nationale dans ces moments exceptionnellement graves où d’un seul coup, on prend conscience que, face à l’attaque, tout peut se disloquer, se disperser, se défaire, se décomposer. La réaction du peuple français a été digne et forte. Les marches républicaines du 11 janvier, les foules qui étaient recueillies après le 13 novembre resteront gravées dans toutes nos mémoires.
18- Retour en terrain connu : le compromis. Terrain connu mais clivant à gauche. François Hollande dans la ligne social-démocrate. Le « compromis » maintes fois répété, le jour même du début des débats à l’Assemblée nationale du projet de loi « travail »
Le compromis doit répondre aux mutations de l’économie, aux aspirations nouvelles qui justifient que tout change et que nous-mêmes, nous puissions être capables de changer. La révolution numérique, la question du temps tout au long de la vie, le vieillissement, la liberté donnée à chacune et à chacun d’entreprendre son existence, voilà le compromis que nous devons bâtir. Compromis aussi entre les principes de la démocratie parlementaire et les aspirations à davantage de participation citoyenne sur des grands projets, compromis aussi entre démocratie politique et démocratie sociale.
Compromis pour qu’il puisse y avoir ce mouvement qui est indispensable et en même temps, des règles dans notre République, même si, je vous le concède, nous prenons trop de temps pour décider dans les institutions d’aujourd’hui et qu’il y a comme une forme de lassitude, si nous n’y prenons garde, dans l’opinion par rapport à cette lenteur alors que pour beaucoup de nos concitoyens, tout va vite, y compris les risques, les menaces et les exigences et ce que l’économie entraîne. Il nous faudra revoir ces procédures, ces rythmes et ces modes de décision. Compromis entre la liberté et la protection pour préserver de la peur et également éviter d’assigner à chacun un destin fatal, une reproduction sociale, une assignation, une relégation, comme c’est hélas trop souvent le cas.
19 -« Compromis », application à la loi Travail
Compromis entre les exigences de l’économie de marché et le respect des biens communs, ceux de l’humanité. Compromis entre la souplesse pour les entreprises françaises confrontées à la compétition internationale et les garanties qui sont attendues par les travailleurs face aux risques. Alors c’est le projet qui est examiné aujourd’hui par l’Assemblée nationale. C’est un compromis dynamique et juste, comme tout ce que nous avons fait depuis 2012. Il ne s’en sépare pas, c’est un texte de progrès qui a trouvé plus que son équilibre, qui a trouvé justement le sens qui à un moment a pu lui manquer. Pour les entreprises, il va procurer visibilité et adaptation, elles en ont besoin et notamment pour embaucher. Pour les salariés, ils vont pouvoir disposer, à travers leurs organisations syndicales, d’une capacité accrue d’agir dans le cadre de la négociation collective.
- Renforcer le dialogue social au niveau de l’entreprise, ce niveau fait peur à certains, mais pourquoi au niveau de l’entreprise ne serait-il pas possible de définir ce que peut être l’intérêt même des travailleurs et de ceux qui ont la responsabilité de l’entreprise ? A condition que l’on puisse fixer une forme de verrou qui est celui d’un accord majoritaire avec des organisations syndicales représentatives. Qui pourrait laisser penser qu’une organisation syndicale qui a la confiance des salariés dans une entreprise, pourrait prendre la responsabilité d’entamer les droits des travailleurs ? A mon avis, elle ne resterait pas très longtemps majoritaire et même représentative dans l’entreprise considérée.
- J’entends aussi – et je respecte cette position – beaucoup de chefs de petites et moyennes entreprises dire qu’ils seraient prêts pour des accords d’entreprise, mais sans avoir besoin d’un mandataire syndical, comme si la venue d’un syndicaliste, – il n’y en a pas autant de toutes sortes dans notre pays, – pourrait créer je ne sais quelle peur pour les intérêts des salariés ou pour les intérêts des entrepreneurs. Je pense que notre pays, s’il veut regarder ce qui se passe ailleurs, – cela arrive à certains, – doit penser qu’il a besoin de ce dialogue social. L’autre avancée majeure pour les salariés, c’est le compte personnel d’activité. Ce compte personnel d’activité, c’est le capital de ceux qui ne disposent que de leur travail, sur des droits attachés à la personne, des droits qui seront garantis par-delà les aléas de carrière, mobilisables au moment souhaité de la vie professionnelle.
20- L’Europe n’est pas la France en plus grand. Réponse à la critique de ceux qui reprochent la non renégociation du traité européen. Réponse aux souverainistes de gauche
Je me souviens, y compris lors de certaines consultations, que beaucoup de Français voulaient que les Européens soient comme des Français, je vous assure qu’il y a une certaine résistance chez nos partenaires, même s’il y a beaucoup d’admiration à l’égard de notre pays mais ils n’ont pas forcément fait ce choix. Donc nous devons convaincre et c’est ce que nous avons fait depuis 2012, préserver la zone euro, lorsque certains pays considéraient qu’il y avait des Nations qui devaient la quitter, orienter les politiques européennes vers plus de croissance, introduire l’Union bancaire, faire que la Banque centrale européenne puisse avoir une politique de liquidité. Regardez cette situation, aujourd’hui, c’est la France qui défend la Banque centrale européenne, quand, ailleurs, on s’interroge sur la pertinence de ses actions.
21- La baisse des taux, c’est la France
Pour nous, la Banque centrale est indépendante et en même temps accommodante, voyez que les deux sont possibles. Grâce à cette politique-là, nous avons pu remettre l’Europe sur le chemin de la croissance, encore insuffisante et cette page-là, est maintenant, – si je puis dire, – tournée. Mais voilà que l’Union européenne affronte des vents contraires, la tentation du chacun-pour-soi, on l’a vu dans la gestion de la crise des réfugiés, le risque de la fragmentation, on le voit au moment même où le Royaume-Uni s’interroge sur sa présence en Europe ; il faudra de toute manière, quel que soit le vote des Britanniques pour leur avenir, que nous fassions des propositions pour l’Europe.
22- Réponse à la résurgence des populismes
Ce qui est en cause, c’est bien plus que l’Europe, c’est la démocratie, c’est le progrès et la France doit être en première ligne, parce qu’elle y est attendue, parce qu’elle est espérée et parce que je vais vous en faire la confidence, la France est aimée, bien plus qu’elle ne s’aime elle-même.
23- La France dans le Monde : son identité, c’est l’égalité (valeur de gauche !)
C’est cette conception singulière aussi de l’égalité que nous portons, de la chance que nous voulons donner à chacun, à chaque âge de la vie, quelle que soit sa condition, son origine, de pouvoir réussir. Cela s’appelle sans doute la République. La République, ce modèle que nous devons sans cesse réinventer pour l’adapter aux temps qui viennent. Alors, bien sûr, le chemin que je propose ou que nous avons fait ensemble, finalement, a contribué à la marche, ce chemin-là, ce chemin n’est pas unique, il y a toujours plusieurs voies, il y a toujours plusieurs solutions.
24- La réforme encore et jusqu’à la fin
Dans la responsabilité qui est la mienne, j’affirme que l’immobilisme n’est pas permis à la France. Ne pas réformer, ne pas avancer, ne pas prendre de risques, se dire qu’en ne changeant rien ici, les autres finiront par nous attendre, ce n’est pas un chemin, c’est un surplace, pire un enlisement au nom d’une illusion, c’est que les acquis le seraient pour toujours. Non, les acquis se méritent et se conquièrent à chaque étape.
Je vous l’assure, la France peut réussir sans avoir à démanteler les services publics, précariser les salariés, réduire les impôts des plus favorisés et l’alignement est souvent un abaissement. Je sais aussi qu’il y a celles et ceux qui veulent tout défaire, dont le seul projet est d’annuler tout ce que nous avons fait. Cela leur prendra du temps car nous avons fait beaucoup. Et en même temps, je suis sûr que si d’aventure – car ce serait une aventure –, ils pouvaient en avoir la responsabilité, il y a bon nombre de réformes que nous avons accomplies qui resteront pour toujours parce que c’est effectivement ce qui s’est passé dans l’Histoire, ce qui s’est produit.
25 – La réforme ne se fait pas dans la rue
Il y en a qui pensent aussi qu’en étant nombreux dans la rue – je ne parle pas d’aujourd’hui mais pour demain ou pour après-demain –, on peut empêcher. Non, on peut parfois freiner, on peut parfois contester à juste raison mais rien ne remplace l’acte de gouverner…, il n’y a jamais rien qui remplacera le vote et la démocratie et le suffrage universel.
26- La France va mieux
J’ai eu cette forme et je la revendique : la France va mieux.
27- L’enjeu de cohésion en écho à : « La France unie », comme pour un second mandat !
L’enjeu dans cette période, c’est la cohésion. Nous ne serons grands, forts que si nous sommes dans la cohésion. La cohésion nationale face au risque de séparation, de fragmentation, de division et même de violence. La cohésion sociale parce que nous avons le devoir de donner une chance à chacune et à chacun. La cohésion républicaine parce que nous sommes dépositaires des valeurs dont nous avons hérité, que nous devons transmettre. Voilà, s’il y a un message, s’il y a une leçon qu’il faut garder génération après génération et au-delà des progrès que la Gauche dans son histoire a pu permettre au pays de connaître et de partager, c’est que nous avons le devoir d’assurer la cohésion de notre pays.
Jean-Pierre Helbert