Les Priorités dans les intentions de vote lors des élections présidentielles

Les Priorités dans les intentions de vote lors des élections présidentielles

Sondage ODOXA Les Echos 14/15 avril – Priorité à l’économie dans les intentions de vote à l’élection présidentielle – Analyse au regard des scrutins présidentiels précédents

Ce sondage à 1 an de l’élection présidentielle pour un journal économique avec un résultat en ligne est inutile et même peut donner lieu à méprise possible.

89% des personnes interrogées accorderont  à l’économie une importance déterminante pour leur vote. 95% chez les sympathisants de gauche, 96% pour ceux de droite et 84% pour le vote FN. Une certaine logique dans ce dernier cas. Les sympathisants FN accordant plus d’importance aux questions identitaires.

Les 89%  sont cependant nuancés : 40% seulement considèrent que l’économie est prioritaire et 49%  que le critère économique est important mais sans être prioritaire.

La question est bien là. La précarité des réponses est manifeste. Les critères de vote aux élections présidentielles ont été très différents selon les élections :

  • En 1981, le thème de l’emploi ne fait aucun doute. Le nombre des chômeurs était passé de 644 000 en janvier 1975 à 1487000 au T3 de 1981. (Chiffres du BIT pour la France métropolitaine). François Mitterrand pouvait railler le passif de VGE et promettre le retour au plein emploi malgré le second choc pétrolier
  • En 1988 : campagne sur le thème de « La France unie » de François Mitterrand. Ses concurrents n’avaient aucune chance. La rigueur de Raymond Barre et la cohabitation de Jacques Chirac n’ont pas été des facteurs porteurs. L’élection s’est faite sur un retour à la normale des institutions bien que la cohabitation ait été bien perçue, au moins à ses débuts. Le « clivage » n’était plus porteur comme aux législatives de 1986. Le chômage était resté stable entre le T3 de 1986 : 2 125 000 et le T3 de 1988 : 2 079 000. L’emploi ne s’est pas révélé être un critère déterminant de choix.
  • 1995 : la « fracture sociale » c’est à – dire le thème de l’exclusion. Thème plus social et sociétal qu’économique. L’emploi est présent mais sous l’angle du pouvoir d’achat des « inclus ». La feuille de paie n’est pas l’ennemi de l’emploi. Politique de la demande par la relance salariale avec l’appui du président du CNPF, Jean Gandois.
  • 2002 : l’emploi n’est pas un critère puisque le problème est en cours de résolution selon les socialistes. 2 627 000 chômeurs au T3 1997, 2 017 000 au T3 2002. L’élection se fait sur le pouvoir d’achat et la sécurité.
  • 2007 : Nicolas Sarkozy privilégie le thème du pouvoir d’achat par le travail. « Travailler plus pour gagner plus ». Il remet en cause plus globalement la pensée unique venue de mai 68.
  • 2012 : François Hollande s’engage sur l’emploi. Celui des jeunes en priorité. Il renoue ainsi avec l’analyse de François Mitterrand en 1981 en faisant du critère de l’emploi et du clivage social, notamment par la fiscalité, un facteur déterminant du vote en profitant des conséquences de la crise bancaire, financière et économique déclenchée en 2008

Conclusion

Les déterminants du vote sont variables et leur cristallisation s’opère selon un calendrier aléatoire. Quelques mois en 2002 pour la sécurité. Une préparation très en amont en 2007 pour le choix du pouvoir d’achat comme angle de campagne

Pour le positionnement des chefs d’entreprise, la priorité économique annoncée serait de bon augure mais attention, l’opinion majoritaire n’est pas en ligne : si 62% sont pour la dégressivité des allocations chômage, 46% seulement sont pour la suppression des 35 heures, 34% pour  le recul de l’âge de la retraite par exemple

Fait à retenir cependant : ceux qui feraient une victoire d’un candidat de droite sont favorables à 71% pour la suppression des 35 heures, 59% pour le recul de l’âge de la retraite.

Pour 2017, le critère identitaire pourrait être déterminant. D’une part parce qu’il sera en résonance avec l’opinion et qu’il pourrait être choisi tactiquement par le candidat de la droite républicaine. C’est tout le débat des primaires, Alain Juppé s’y refusant mais les proches de Nicolas Sarkozy considérant que le thème identitaire sera incontournable et porteur.

 

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