AFP – 15 novembre: Budget outre-mer: les patrons ultramarins émettent une « vigoureuse mise en garde »
Le président de la Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom), Jean-Pierre Philibert, a lancé vendredi une « vigoureuse mise en garde » sur la politique conduite dans les outre-mer, espérant des modifications lors de l’examen au Sénat du budget pour 2014. « Le budget pour les outre-mer pour 2014 est un budget de régression économique et de régression sociale », a déclaré à l’AFP M. Philibert au lendemain du conseil d’administration de la Fedom, qui lance « une vigoureuse mise en garde sur la politique conduite outre-mer ». « Le PS dans l’opposition dénonçait la vision strictement budgétaire du précédemment gouvernement sur l’outre-mer ; eh bien le gouvernement actuel, c’est la même chose ! », a-t-il regretté. Le projet de loi de finances 2014, encore en débat à l’Assemblée, doit être examiné à partir du 21 novembre au Sénat, où la Fedom espère des amendements sur des mesures qui « portent la patte de Bercy », sous-entendu une vision uniquement comptable. Pour la Fedom, la « régression économique » porte sur deux dispositions majeures concernant les outre-mer. D’abord sur la mise en œuvre du crédit d’impôt en lieu et place de la défiscalisation pour certaines entreprises: « Nous avions abouti à un compromis négocié et arbitré par Matignon pour fixer à 20 millions d’euros de chiffre d’affaires le seuil au-dessus duquel une entreprise passe de la défiscalisation au crédit d’impôt. 107 grandes entreprises devaient en faire l’expérimentation », a rappelé M. Philibert. Or « Bercy interprète ce seuil dans le sens du groupe ! Quatre fois plus d’entreprises seront concernées », a-t-il dénoncé, et notamment des entreprises qui n’ont pas les reins financiers pour avancer l’argent. Ensuite, le plafond de la défiscalisation à 18.000 euros, investissements, outre-mer compris, est « anti-économique »: « nous constatons dès cette année qu’un certain nombre de projets d’investissement ne peuvent pas voir le jour, la défiscalisation va mourir de sa belle mort », a-t-il déploré. Enfin, la Fedom qualifie de « régression sociale » le recentrage des exonérations de charges sociales sur les bas salaires, permettant ainsi une économie de 80 M EUR, défendue par le ministre Victorin Lurel comme la participation des outre-mer à l’effort national de réduction des dépenses publiques. « Ça va devenir une niche à bas salaires et cela n’incitera pas les entreprises à recruter des cadres intermédiaires. C’est absurde, car dans le même temps le gouvernement confie une mission à un parlementaire pour trouver des pistes pour aider les jeunes ultramarins qualifiés à rester dans leurs territoires », a expliqué Jean-Pierre Philibert. La Fedom demande donc « la suspension de cette mesure » mais propose, « en gens responsables », de « s’assoir autour de la table pour trouver où on pourrait réaliser la même économique budgétaire ». sla/sm/bma