Vous tenez à pointer du doigt une situation alarmante, plusieurs chantiers sont à l’arrêt et d’autres pourraient suivre faute de paiement ?
Il y a un retard de paiement sur la ligne budgétaire unique qui pénalise la profession. Les premiers signes sont apparus à la fin du premier semestre. On a pu observer une diminution des appels d’offres d’une part, d’autre part les SEM commencent à moins bien payer les entreprises puisqu’elles sont elles-mêmes dans une situation tendue. Avec notre tissu économique, les entreprises sont vite mises en difficulté. Du coup les sociétés immobilières préfèrent maintenant ne pas lancer les nouveaux projets prévus pour 2014. Il manque entre 20 et 40 millions de crédits de paiement.
Avez-vous eu des concertations, que prévoyez-vous pour faire avancer la situation ?
Depuis deux mois nous avons des réunions avec le préfet et les services de l’État. Nous avons également alerté les deux principales collectivités ainsi que l’ensemble des parlementaires. Courant octobre nous allons réunir la cellule économique du BTP avec l’État et les collectivités pour aborder la situation.
De leur côté, les parlementaires ont interrogé les ministères, notamment l’économie, pour comprendre la raison de ces retards de paiement. Il faut bien voir qu’il y a des arbitrages à Bercy, mais les conséquences sont plus sévères chez nous. Notre département est composé de très petites entreprises, avec peu de trésorerie, il faut vraiment que les délais de paiement soient respectés.
Les conséquences que vous craignez sont aussi pour l’emploi ?
Cela fait deux ou trois ans qu’on incite les jeunes à se lancer dans le BTP et là que va-t-on leur dire : « Désolé, on ne peut pas assurer votre emploi » ? On est passé de 600 à 1 200 logements construits par an et tout cela en à peine trois ans. On risque de retomber à 500 ou 600 logements alors que nous connaissons tous la nécessité de maintenir et même d’augmenter ces chiffres. Il y avait une dynamique de projets de construction, elle est encore là d’ailleurs mais le problème c’est l’argent pour payer les chantiers. Cette situation n’est pas propre au logement, les chantiers de la Défense ou encore de la Deal avec les routes, vont aussi en pâtir. Dans l’Ouest guyanais, il n’y a presque plus de chantiers.
Êtes-vous malgré tout optimiste pour la suite ?
Oui, je le suis. Je reste optimiste. Quand je vois le nombre de ministres qui passent en Guyane et qui nous affirment que le département est une priorité, il ne fait pas de doutes que les arbitrages seront in fine positifs pour la Guyane.