La surrémunération des fonctionnaires de nouveau en question

La surrémunération des fonctionnaires de nouveau en question

Marc Armor France-Antilles Martinique 19.06.2013

Le directeur de la Banque de France, Christian Noyer, vient de relancer le débat sur la surrémunération des fonctionnaires outre-mer, qu’il considère comme un facteur de vie chère.

« Il faut mettre fin, progressivement, à la surrémunération des fonctionnaires. » C’est en substance ce qu’a indiqué, la semaine dernière, Christian Noyer, le directeur de la Banque de France, alors qu’il était interviewé par la radio Nouvelle Calédonie 1ère. Il considère que revenir sur l’indexation des salaires des fonctionnaires d’Outremer est l’un des seuls moyens de lutter contre la vie chère dans les régions ultramarines.

Une attaque de plus contre cette surrémunération ? Après tout, ce n’est pas la première.

Plusieurs rapports -Mossé, Fragonard, Laffineur…- ont déjà épinglé cette prime de vie chère et démontré qu’elle pesait sur les prix, sans pour autant qu’un gouvernement en tire les conséquences. Mais depuis quelques mois, voire deux, trois ans, ce dossier refait souvent surface. Et il pourrait être pris d’autant plus au sérieux que, d’une part, la France a besoin d’argent, et que d’autre part, les salariés du privé paient la crise au prix fort. Les « privilèges » des fonctionnaires sont d’ailleurs déjà dans le collimateur de la réforme des retraites, ce qui pourrait constituer un préalable à des mesures plus… rigoureuses.

UNE SOURCE D’INJUSTICES ?

Cette prise de position de Christian Noyer, même si elle doit être replacée dans son contexte néocalédonien, est d’autant moins anodine qu’elle intervient quelques semaines après que la Fédération des entreprises d’Outre-mer (Fedom), par la voix de son président Jean-Pierre Philibert, a relancé le débat.

Selon le patron des patrons d’Outre-mer, ces surrémunérations -qu’il estime à un milliard d’euros-devraient être récupérées par l’État et reversées dans un tronc commun pour venir en aide aux entreprises. Le président de la Fedom parle, à leur sujet, « d’un privilège historique devenu source d’injustices qui pèsent sur le secteur privé. On ne peut pas légiférer à la fois sur la vie chère et laisser perdurer les primes censées y faire face. »

Évidemment, si une suite est donnée, les syndicats ultramarins ne vont pas l’entendre de cette oreille. L’impact d’une telle mesure, il est vrai, ne serait pas négligeable : en Martinique, la sphère publique -qui regroupe les fonctions publiques d’État, territoriales (collectivités) et hospitalières-emploie près de 40.000 salariés, soit un salarié sur trois, grosse clientèle pour les syndicats. Le total de leur surrémunération est évalué à 300 millions d’euros.

Si cet argent est bien réinjecté dans l’économie locale, il serait bien difficile de s’en passer.

De 40 à… 108%

Les surrémunérations des fonctionnaires d’État vont de 40% (Antilles) à 108% pour certaines îles de l’archipel polynésien, en passant par 53% à la Réunion, 73% en Nouvelle-Calédonie, 84% à Tahiti et 85% à Saint-Pierre-et-Miquelon. L’ensemble de ces surrémunérations est estimé à un coût de 1,03 milliard d’euros, dont 743 millions pour les seuls Dom, pour les quelque 90 000 fonctionnaires civils ultramarins de l’État. Ce chiffre ne tient pas compte des surrémunérations des agents de la fonction publique territoriale.

social position

Partager cet article