Energie solaire dans le fénoir… le SORUN avance ses choix stratégiques pour la Réunion (ZINFOS 974 du 6 mai 2013)
Le SORUN (Syndicat des professionnels de l’énergie solaire à la Réunion), regroupant 21 entreprises du secteur et pesant 600 emplois directs et indirects, veut être un acteur majeur du débat national sur la transition énergétique initié par le gouvernement le 28 janvier dernier. Souhaitant « participer » au choix énergétique du territoire de la Réunion, le SORUN réaffirme sa volonté de faire de l’énergie solaire un « levier » du développement durable de notre île.
Côté innovation et exportation, le SORUN rappelle que la croissance du marché du solaire va provoquer un développement des produits, entraînant de facto de nouveaux marchés mais également de nouveaux clients. Mais c’est sur l’exportation que les entreprises membres du syndicat peuvent tirer leur épingle du jeu. « Les entreprises de la Réunion pourront se déployer dans la zone où les besoins sont immenses. Près de 500 millions de personnes vivent dans des endroits insulaires, un marché colossal« , précise-t-il. Directement visés, les pays voisins de la Réunion comme l’île Maurice, l’Afrique du Sud ou encore l’Inde.
« Une baisse de 90% d’activité pour les entreprises »
Car à la Réunion, le marché est désormais sclérosé. « Entre 2006 et 2010, le photovoltaïque a connu un développement considérable, voir incontrôlé. Le problème, c’est que nous sommes arrivés très vite au seuil maximum de 30% de production d’énergie solaire autorisée par l’Etat. Résultat, on ne peut plus construire de centrale photovoltaïque et il nous reste le marché des particuliers, soit une baisse de 90% d’activité pour les entreprises« , explique Patrice Galbois, président du SORUN. Aujourd’hui les professionnels du secteur installent entre 300 et 400 installations de panneaux photovoltaïques par an chez les particuliers, une situation qui a fait baisser la production dénérgie de 20 MWc (MégaWatt crète) entre 2006 et 2010 à 1 MWc depuis. Pour remédier à cette situation, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire à la Réunion définit sa stratégie sur deux axes : l’autoconsommation et le stockage.
« A la Réunion, contrairement à la métropole, il n’existe pas de distributeur d’énergie renouvelable. Chacun doit pouvoir acheter son énergie verte. L’autoconsommation financée par la CSPE (Contribution au service public de l’électricité), comme toute énergie produite localement, serait un moyen pour financer une énergie moins chère que la fossile, sensibiliser les consommateurs à la maîtrise de la consommation, réduire le coût de la CSPE qui a été multiplié par 4 (de 400 millions d’euros en 2003 à 1,6 milliard en 2013 ndlr) ou encore réduire le coût d’extension et de rénovation des réseaux de distribution« , souligne Patrice Galbois.
Augmenter le seuil maximum de production d’énergie solaire fixé à 30% et conditionné par EDF
Au-delà de ces propositions, SORUN voudrait « sérieusement » pouvoir augmenter le seuil maximum de production d’énergie solaire fixé à 30% et conditionné par EDF. « EDF a fixé ce taux à 30%. L’Etat a demandé des justifications. On pourrait proposer d’augmenter ce seuil« , explique Denis Legallais. Car à la Réunion, l’augmentation de la consommation énergétique reste faible, de l’ordre de 1 à 2% par an. « Mais pour le photovoltaïque, cela représente 30 MWc« , précise Patrice Galbois. Soit au-delà des 20 MWc de la période faste de 2006 à 2010. L’enjeu est là pour le syndicat, avec à la clé la création d’emplois, le développement économique et l’exportation de produits et savoirs-faire vers les pays de la zone.
En marge du photovoltaïque, le syndicat a abordé la problématique de la production d’eau chaude solaire. Un marché en chute libre passant de 12.000 chauffe-eau solaire installés à 6.000 en raison d’une multiplication des acteurs, mais également de la baisse des constructions de logements individuels. « Sur le neuf il y a eu 3.000 maisons construites en 2012 contre 9.000 en 2009« , précise Yannick Melle, vice-président au SORUN. Même si en mai 2012, l’Etat a obligé la mise en place de ces équipements pour toute construction collective, cela n’a pas compensé la baisse du marché des particuliers, notamment en raison de mauvaises pratiques lors des appels d’offres. « Il y a un problème de concurrence mal-maîtrisée qui tire la profession vers le bas en terme de qualité« , prévient-il. Là aussi, le SORUN propose plusieurs pistes à l’Etat pour favoriser le redémarrage de l’activité et la création de nouveaux emplois. « Il faudrait mettre en oeuvre des cadres normatifs plus restrictifs pour renforcer la qualité des équipements, clarifier le cadre réglementaire afin de sécuriser les professionnels et mettre en oeuvre une filière de récupération et de renouvellement des chauffes-eau anciens« , conclut Yannick Melle.
A travers toutes ces propositions, le SORUN entend se positionner sur les choix énergétiques stratégiques pour la Réunion de demain.