3 questions sur l’Outre-mer à…Françoise GROSSETETE, députée européenne
- Vous êtes une députée européenne élue sans discontinuité depuis près de 20 ans. Quel regard l’Europe porte-t-elle sur nos Outre-mer ?
Pour mieux répondre aux besoins des Régions d’Outre-Mer, la notion de Région ultrapériphérique (RUP) a été créée. L’Union européenne compte huit RUP : les cinq départements français d’Outre-mer (Réunion, Guadeloupe, Guyane, St-Martin, Martinique), les Açores et Madère (Portugal) et les Canaries (Espagne).
Les autres pays et territoires (plus autonomes dans leur gestion) sont regroupés sous la dénomination de Pays et Territoires d’Outre-Mer (PTOM) : ceux-là ne font par contre pas partie du territoire communautaire, bien que leurs ressortissants soient des nationaux d’un État-membre de l’UE.
Les RUP regroupent plus de 4,5 millions d’habitants et, en tant que parties intégrantes de l’UE, reçoivent des fonds européens pour les aider dans leur développement économique. Pour la période 2007-2013, elles ont bénéficié au total de plus de 11 milliards d’euros d’investissements communautaires.
Ces régions ont un rôle économique important : ainsi, elles fournissent par exemple à l’Union européenne des produits agricoles exotiques (rhum, sucre de canne, bananes, etc.) qui font partie des produits de consommation courante des citoyens européens.
Pour tout ce qui est biodiversité – un sujet auxquelles les autorités européennes attachent beaucoup d’importance – , l’Union européenne a conscience de l’immense richesse de la flore et de la faune contenue dans les zones d’Outre-mer et tient à les protéger efficacement : les RUP représentent en effet près de 80 % de la biodiversité européenne.
De plus, ces zones constituent un relais essentiel vers des régions du globe auxquelles nous n’aurions pas autrement un accès facile. Ceci peut présenter de nombreux avantages, auxquels on ne penserait pas forcément. Ainsi, le mécanisme européen de protection civile insiste sur l’importance des régions d’outre-mer en tant que points de déploiement d’une force de réaction rapide aux catastrophes en tous genres, et ce vers toutes les régions du monde.
- Nos Outre-mer sont situées sur les grands courants d’échange commerciaux mondiaux. Pour faire émerger des marchés régionaux, les normes européennes ne sont-elles pas une contrainte ?
La situation des Outre-Mer à cet égard n’est pas tellement différente de celle des autres régions européennes. Toutes les zones de l’Union européenne ont un commerce intense avec l’extérieur de l’Union : nous ne vivons pas dans une bulle ! Dans une économie mondialisée, nous sommes tous concernés par les échanges avec l’extérieur.
Si nous souhaitons pouvoir échanger d’égal à égal avec nos partenaires commerciaux, ces derniers doivent être en mesure de s’adapter à nos standards et à nos normes. L’objectif principal des normes européennes est de garantir la sécurité des citoyens européens. Il est hors de question que nous ne renoncions à ces standards, qui nous garantissent par exemple des objets non dangereux pour nos enfants ou des médicaments véritablement efficaces. Nous ne devons pas, au nom du commerce, nous abaisser au plus petit dénominateur commun : le marché européen est trop important et inévitable pour être ignoré, et nous sommes en mesure de faire entendre nos voix.
Cette attitude vaut aussi pour les zones d’Outre-Mer, qui méritent bien entendu les mêmes standards de sécurité et de traçabilité que le continent !
- Quels sont, selon vous, les atouts de l’Outre-mer française ?
La France a l’Outre-Mer la plus étendue et le plus diversifiée de l’Union européenne.
Ses différents territoires en font la 2e puissance maritime mondiale après les États-Unis ! En effet, même une petite île crée autour d’elle des eaux territoriales et une zone économique exclusive aux conséquences non négligeables : notre ZEE (zone économique exclusive) est de 11 millions de km2.
En plus de cet avantage maritime, l’Outre-Mer française présente de nombreuses autres qualités, par exemple celle de donner accès à des ressources énergétiques précieuses (telles que le nickel en Nouvelle-Calédonie ou le pétrole et bois en Guyane).
Ce sont des centres de recherche scientifique précieux, spécialisés dans certains domaines du fait de leur position sur le globe : Kourou, en Guyane, est une merveilleuse base de lancement spatial pour les fusées européennes, du fait de son positionnement proche de l’Équateur. De même, la forêt équatoriale de Guyane est d’une richesse incomparable pour sa biodiversité, particulièrement utile dans le domaine de la recherche appliquée pharmaceutique.
Ce sont aussi des régions très touristiques, aux traditions et au passé passionnants. Les Français sont attachés à leur Outre-mer et fiers qu’il y ait, ainsi, de petits morceaux de la France à l’autre bout du monde.
Malgré leur éloignement géographique, nous devons avoir conscience de toutes les richesses que peuvent nous apporter ces régions.
L’Outre-Mer française dispose d’ailleurs de relais au Parlement européen. C’est le cas par exemple du député européen Maurice Ponga, de la Nouvelle-Calédonie, qui appartient à ma délégation au Parlement européen.