Air France ne desservira plus les Antilles depuis Roissy

Air France ne desservira plus les Antilles depuis Roissy

Promesse de Nicolas Sarkozy après les émeutes de 2009 en Guadeloupe, ces lignes coûtent cher à la compagnie.

Air France vient d’annoncer la fin de la desserte de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe et de Fort-de-France en Martinique au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle. Ces vols seront transférés vers Orly «à compter du 13 mai 2013», indique la compagnie aérienne dans un communiqué. Les deux vols hebdomadaires au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle s’ajouteront aux vols d’Orly, restés inchangés. 

Air France invoque la mauvaise rentabilité de ces lignes pour justifier sa décision. «Après un an et demi d’exploitation, une offre adaptée et un soutien promotionnel de la Guadeloupe et de la Martinique en Europe, le bilan économique des vols Paris-CDG Antilles ne lui permettent pas de poursuivre la desserte des Antilles au départ de l’aéroport de Paris-CDC», détaille la compagnie.

Plus précisément, «les vols au départ de Roissy reviennent plus chers qu’au départ d’Orly», indique un porte-parole d’Air France. «Le temps de roulage et de vol sont plus longs à Roissy, et les redevances aéroports y sont plus élevés», précise-t-il. La différence s’éleverait à «plusieurs millions d’euros par an», assure le porte-parole – quatre à cinq millions, affirme Catherine Cadrot, directrice de la Maison de Martinique à Paris.

La décision d’opérer ces transferts de vols «s’inscrit dans le plan général d’Air France-KLM pour restaurer sa rentabilité», insiste la compagnie. Air France cherche à restaurer sa compétitivité en ayant notamment mis en place son plan «Transform 2015», destiné à améliorer de 20% sa productivité et son efficacité économique.

Par ailleurs, la compagnie tricolore doit affronter un nouveau concurrent sur ces liaisons. Depuis le 15 décembre, la compagnie low cost XL Airways dessert trois fois par semaines les villes de Fort-de-France et de Point-à-Pitre depuis l’aéroport Charles-de-Gaulle.

Un dossier très politique

Promesse de Nicolas Sarkozy après les émeutes de 2009 en Guadeloupe contre la «vie chère», ces lignes – qui avaient par le passé déjà été lancées puis fermées deux fois – avaient été à nouveau ouvertes début novembre 2011, après de longues discussions entre le gouvernement de l’époque et la compagnie aérienne. L’objectif était de relancer la destination Antilles, frappée par ces événements et par la crise économique. Il s’agissait également de redorer le blason de ces deux îles qui avaient mauvaise réputation en termes d’accueil touristique.

Ces lignes au départ de Roissy avaient pour objectif de simplifier le trajet d’une partie de la clientèle européenne. Avant cette date, les touristes de certains pays (Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, etc.) devaient prendre un premier avion pour Roissy, puis partir à Orly pour rejoindre les Antilles. Mais «la part des passagers européens sur ces vols entre mai et octobre 2012 nétait que de 8% alors que la compagnie avait tablé sur un taux de remplissage d’au moins 10%», souligne le porte-parole d’Air France. «N’ayant pas trouvé la clientèle nécessaire à Charles-de-Gaulle, nous avons préféré revenir sur Orly, où le trafic hebdomadaire des passagers européens est quatre fois plus important qu’à Charles-de-Gaulle».

Les professionnels du tourisme antillais, qui avaient milité pour la réouverture de cette desserte, s’y étaient fortement impliqués en signant «un contrat destination» avec l’État, les collectivités locales et Air France notamment.

Par Caroline Piquet (Le Figaro)

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