Lettre hebdo N°30 du 10 avril 2012
Tendance
Les évidences économiques s’imposent dans le jeu politique
Les candidats se suivent à la Réunion, terre d’accueil des promesses, et leurs annonces se recoupent assez largement.
C’est ainsi que tant Nicolas Sarkozy que François Hollande ont mis l’accent sur trois points : favoriser l’emploi par des exonérations de charges sociales, lutter contre la vie chère et conserver l’instrument de la défiscalisation au profit de l’investissement en particulier du logement social.
Les exonérations de charges sont mises en œuvre pour François Hollande via les contrats de génération, elles le sont pour Nicolas Sarkozy selon deux voies : pendant trois ans pour toute embauche d’un jeune de moins de 25 ans quel que soit le secteur d’activité de l’entreprise concernée et, à titre transitoire, pour toute embauche par une entreprise appartenant à un secteur prioritaire des zones franches d’activité.
Ces mesures présentées par les deux candidats visent exclusivement l’embauche de nouveaux salariés, elles risquent fort de n’avoir que peu d’impact sur la compétitivité des entreprises. (Rappelons que la FEDOM se prononce pour une exonération concernant l ‘ensemble des salariés).
Dans le domaine des prix, François Hollande a assuré qu’il mettrait en place un bouclier qualité-prix qui permettrait le blocage des prix de certains produits dans la grande distribution. Il a également promis de lutter contre les monopoles et les marges abusives quitte à imposer de nouveaux distributeurs.
Le candidat UMP a, pour sa part, déclaré vouloir confier à l’Autorité de la concurrence une enquête sur les marges de la grande distribution et obliger cette dernière à les revoir si elles s’avèrent trop élevées. Si la profession refuse ces baisses, il conviendra de contraindre les monopoles à céder certains de leurs magasins à d’autres enseignes.
S’agissant des carburants, il a souligné qu’il fallait rechercher des sources moins chères, plus proches quitte à demander des dérogations aux normes européennes.
Aucun des candidats n’a précisé le champ d’application des mesures contre la vie chère, mais il est à peu près certain qu’elles concernent l’ensemble des DOM, sauf probablement la réflexion en matière d’approvisionnement en carburants où l’existence de la SARA modifie la donne dans la zone atlantique.
Les deux candidats ont également affirmé vouloir conserver inchangée la défiscalisation du logement social, et la LBU a précisé François Hollande. Ils ont aussi confirmé le maintien de la défiscalisation comme moyen de financement des projets d’investissement, même si les modalités pourraient en être revues avec notamment un plafond de réductions d’impôt spécifique à l’outre-mer pour François Hollande.
Tous deux ont enfin préconisé la préférence régionale dans les embauches de la fonction publique.
Paroles de Candidats
Outre-mer : Nicolas Sarkozy annonce des mesures « sans précédent » pour stimuler l’économie
1. Lors de sa visite à La Réunion, le Président candidat a d’abord, en une formule, résumé son projet économique pour l’Outre-mer : « Quand on réserve à nos territoires ultramarins le sort que l’on réservait à la colonisation en les maintenant sous la férule de l’assistanat, c’est qu’on ne croit pas à nos territoires ultramarins ! » Et d’ajouter : « Sans compétitivité dans l’environnement régional qui est le vôtre, il n’y a pas d’avenir…La solidarité est indispensable mais l’assistanat humilie d’abord et assassine ensuite ».
1ère proposition : la défiscalisation
Se donner la chance du développement économique pour Nicolas Sarkozy, c’est d’abord maintenir la défiscalisation « absolument centrale pour les ultramarins » : « je garantirai la défiscalisation pour les projets économiques d’Outre-mer ! » s’est ainsi engagé le candidat.
Si Nicolas Sarkozy est élu, le montant unitaire des dossiers de défiscalisation instruits localement sera désormais porté à 3 millions d’euros, contre 1,5 million actuellement.
« Vos entreprises doivent être compétitives car ce sont vos entreprises qui créeront de l’emploi » a-t-il martelé.
2ème proposition : la suppression de toute charge sociale patronale pendant trois ans sur chaque emploi offert à un jeune de moins de 25 ans.
C’est la deuxième promesse de Nicolas Sarkozy. S’il est élu, chaque entreprise qui créera un emploi quel que soit le secteur économique ne paiera pas un centime d’euros de charges patronales sur cet emploi créé.
3ème proposition : l’exonération de toute charge sociale patronale pour tout emploi créé dans l’un des cinq secteurs prioritaires retenus pour la zone franche globale et ce quel que soit l’âge du recruté.
Pour le candidat, ces deux dernières mesures devraient coûter à l’Etat environ 140 millions d’euros par an.
4ème proposition : permettre un retour plus facile au « pays » des fonctionnaires ultramarins en poste dans l’hexagone.
5ème proposition : la création d’un fonds dédié aux petites entreprises pour des prêts jusqu’à 20 000 euros.
Enfin, pour lutter contre la vie chère, le candidat s’engage à développer les productions endogènes, notamment pour réduire les importations. Cela concerne la filière de l’élevage, mais aussi les cultures (la canne, les légumes et les fruits). « Je donnerai 6 mois à l’ensemble des grands distributeurs pour faire le point avec l’Autorité de la concurrence » a déclaré Nicolas Sarkozy.
Le Président-candidat a également souhaité que chaque territoire travaille sur un projet d’avenir et un secteur dans lequel l’Etat « investira puissamment ».
2. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy promet, s’il est réélu, de faire voter une « grande loi d’orientation » pour le développement économique et social de la Polynésie française.
Le candidat se prononce en faveur d’une pause dans l’évolution institutionnelle de la Polynésie française, déjà dotée, selon lui, « du plus large degré d’autonomie de toute la République ».
Enfin, Nicolas Sarkozy n’exclut pas une future introduction de l’euro dans les territoires français du Pacifique, mais rejette en revanche l’idée d’une dévaluation du franc pacifique qui serait un facteur de renchérissement des prix très important et aurait des conséquences catastrophiques en Polynésie.
François Bayrou s’est rendu à la Réunion les 7 et 8 avril, où il s’est déclaré favorable à la mise en œuvre par l’Etat de la règlementation des prix telle qu’elle est prévue à l’article 1 de la LODEOM. Il souhaite que des réflexions soient engagées sur les raisons de la vie chère.
Pour favoriser le développement économique et l’emploi, il a rappelé son projet de création d’une zone franche globale et large pour permettre « qu’il y ait de vraies entreprises dans de vrais secteurs d’activités ». Pour lui, « L’allègement des charges est une manière de soutenir l’économie sans passer par des subventions, qui souvent, ne produisent aucun fruit ».
Déclinant l’idée de produire français en outre-mer, il a défendu la nécessité de développer la production locale.
François Bayrou a également évoqué les énergies renouvelables, accusant le gouvernement d’avoir « fixé des règles qu’il n’a pas respectées ».
Il a enfin garanti la création d’un ministère de l’Outre-mer de plein exercice.
Au micro de Réunion 1ère, Il a également réitéré ses déclarations de dimanche soir concernant ses mesures, à savoir la création d’un office de transport, qui veillerait à proposer aux passagers et au fret les meilleurs tarifs. Il s’est également déclaré en faveur d’une nouvelle organisation de la fiscalité, qui permettrait d’alléger l’octroi de mer.
Brèves
– Jean-Pierre Philibert, Président de la FEDOM, s’est rendu aux Antilles et en Guyane du 24 mars au 2 avril pour présenter les 20 propositions de la FEDOM. Visites d’entreprises, dîner débat et rencontres avec les milieux économiques et la Presse ont rythmé cette visite. L’occasion aussi de constater combien les inquiétudes, voire la résignation des entrepreneurs, sont grandes et nécessitent, plus que jamais, la mise en œuvre d’un projet économique d’une ampleur sans précédent si l’on veut assurer le développement économique de nos territoires d’Outre-mer et par voie de conséquence, développer l’emploi et lutter contre la vie chère.
– Alain Chaumet a été élu président du MEDEF Guyane le 30 mars.
– Luc Tapeta-Servonnat a été réélu président du MEDEF de Polynésie française le 4 avril.
Parutions au JO
– JO du 1er avril 2012 :
Arrêté du 30 mars 2012 portant nomination du directeur des territoires, de l’alimentation et de la mer de Saint-Pierre-et-Miquelon (Jean-François Plaut).
– JO du 3 avril 2012
Arrêté du 29 mars 2012 autorisant au titre de l’année 2012 l’ouverture d’un concours pour le recrutement de surveillants et surveillantes de l’administration pénitentiaire pour les services pénitentiaires du territoire de Nouvelle-Calédonie.
Arrêté du 19 mars 2012 portant création d’un traitement automatisé d’informations individuelles relatif au module complémentaire à l’enquête annuelle 2012 sur l’emploi à La Réunion intitulé
« Freins à la mobilité des jeunes réunionnais vers la métropole ».
– JO du 5 avril 2012
Arrêté du 28 février 2012 portant création d’un service territorial éducatif de milieu ouvert à Saint-Denis de la Réunion.
Arrêté du 20 mars 2012 fixant au titre de l’année 2012 le nombre de postes offerts aux concours pour le recrutement d’adjoints administratifs de 1re classe de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur à Mayotte.
Arrêté du 3 avril 2012 portant nomination du commissaire délégué de la République pour la province Sud auprès du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie (Régis Elbez).
– JO du 7 avril 2012
Arrêté du 23 mars 2012 portant ouverture au titre de l’année 2012 de concours externe, interne et de troisième voie d’attaché territorial par le centre de gestion de la fonction publique territoriale de La Réunion.