Lettre hebdo N°28 du 26 mars 2012
Tendance L’Outre-mer…et les autres
Lorsque Nicolas Sarkozy aura dévoilé son projet pour l’Outre-mer – il le fera lors de son déplacement à la Réunion début avril – nous reviendrons en détail sur les intentions des principaux candidats.
Il nous a cependant paru intéressant de regarder ce que les autres candidats proposaient pour l’Outre-mer.
A noter également, bien qu’il ne soit finalement pas candidat, les propositions de Dominique de Villepin (et de sa directrice de campagne Brigitte Girardin), de fixer un cadre législatif stable sur la base de la loi programme de 2003 améliorée, de tenir plusieurs fois par an un Conseil de l’Outre-mer présidé par le chef de l’Etat réunissant les 11 présidents de régions et collectivités et de cibler la défiscalisation sur des secteurs prioritaires, comme le tourisme, le logement ou les énergies renouvelables. Dominique de Villepin s’était également engagé, pour faire baisser le coût du travail, à lutter contre le travail clandestin et à créer des emplois durables dans le secteur productif en maintenant un régime d’exonération de charges sociales des entreprises d’Outre-mer.
Paroles de candidats
Nicolas SARKOZY
Le Président-candidat était à son tour, après François Hollande et François Bayrou, l’invité de l’émission Politiques 1ère.
Le débat sur le racisme
Questionné tout d’abord sur la proposition de François Hollande de supprimer le mot « race » de la Constitution, Nicolas Sarkozy rétorque « qu’il ne suffit pas de supprimer le mot pour supprimer les réalités », sinon supprimons les mots « pauvres » ou « chômage ». Ce débat n’a pas de sens pour Nicolas Sarkozy qui préfère s’attaquer aux réalités. « Le racisme est une réalité, il faut le combattre par tous les moyens ».
Et le Président de citer Aimé Césaire, « chantre de la négritude, poète qui n’avait pas peur des mots. »
Mayotte
Comment contenir la contestation sociale à Mayotte?
Nicolas Sarkozy rétorque : « On me reproche quoi ? D’avoir tenu parole …J’ai fait la départementalisation ! » Et le candidat insiste sur le fait que dans un département français « on respecte les valeurs de la République, on ne casse pas, on respecte la loi ».
Nicolas Sarkozy ajoute que la départementalisation était une revendication identitaire d’appartenance à la France, sans influence sur le prix des produits alimentaires. Si je ne l’avais pas fait ajoute-t-il, le prix du riz n’aurait pas baissé pour autant…
La vie chère
Le Président ajoute que le problème de Mayotte, comme celui d’autres territoires, c’est l’isolement, le manque de développement endogène, la faiblesse de l’agriculture. Cela coute cher de faire venir d’ailleurs des produits de première nécessité.
Les journalistes insistent pour lui demander si, sur ce point précis de la vie chère, il a le sentiment d’avoir réussi ?
Le Président, un peu piqué au vif, répond d’abord : « que se passerait-il si la France n’était pas Outre-mer ? Regardons autour, ce serait bien pire…on verrait ce que serait le pouvoir d’achat ».
Il insiste sur la nécessité d’un développement économique endogène pour sortir du seul tourisme, certes important mais…« Nos territoires doivent être des territoires de production. »
Il est vrai aussi que pour lui, la concurrence ne fonctionne pas bien. « Je peux comprendre que les prix soient plus chers pour des produits venant de métropole, mais il y a des situations où ca ne va pas. Si je suis élu, dans les six mois je saisirai l’autorité de la concurrence… qui devra repenser la question des prix et de la distribution …S’il y a des distributeurs qui exagèrent, nous obligerons l’ouverture de certains secteurs à la concurrence ».
Le prix de l’essence
Faut-il bloquer les prix ? Les prix de quoi ? demande Nicolas Sarkozy, auprès de qui ? On achète le pétrole aux producteurs, les prix sont à la hausse pour de multiples raisons. Le Président évoque brièvement le nucléaire qui permet d’avoir une énergie inférieure de 30%, et le développement de l’énergie solaire qui doit permettre l’autonomie des territoires.
Pourtant vous avez supprimé la défiscalisation sur le photovoltaïque insiste la journaliste.
C’est faux répond le Président. Nous l’avons ramené à un niveau raisonnable car, au prix ou elle était (la production photovoltaïque), la facture aurait augmentée pour tous les consommateurs.
La délinquance
Le Président- candidat a répondu ensuite à des questions sur l’augmentation de la délinquance, l’occasion pour lui de rappeler sa politique de fermeté .
Soudain grave, il insiste aussi sur le fait qu’il a été le Président de la République qui s’est rendu le plus souvent Outre-mer, douze fois exactement. Il dit avoir « voulu répondre à la mémoire parfois blessée de ces territoires ». J’aime ces territoires, je m’y sens heureux et en confiance ajoute t’il avant de revenir sur la violence et de marteler qu’elle n’est pas une réponse. La réponse c’est la formation et le développement économique.
Conséquences des essais nucléaires en Polynésie
Nicolas Sarkozy rappelle qu’il a levé un tabou et ré-ouvert le dossier des indemnisations. Sur cette question, comme sur celle du chlordécone aux Antilles, Il indique qu’il veilllera à ce que les défaillances de l’Etat soient réparées.
Les valeurs
Sont évoquées enfin les valeurs et la question de l’égalité des civilisations. Pour Nicolas Sarkozy Serge Letchimy, qu’il estime, a eu tort de répondre à une blessure par une autre blessure. Il a été trop violent, outrancier et maladroit.
Votre première mesure pour l’Outre-mer si vous êtes réélu ?
Question traditionnelle à laquelle le candidat répond en disant qu’il ira Outre-mer avant l’été pour présenter un programme de développement économique endogène « sans précédent ». Et de conclure : « Je veux que l’Outre-mer reprenne confiance en elle …Je me sens proche de ces populations. J’aime leur spontanéité, leur intelligence et leur caractère passionné». Et de conclure : « Je ne crois pas à l’assistanat, je crois à la formation, à l’économie, à la capacité de nos territoires de porter eux-mêmes leur développement.
En définitive peu de choses sur l’économie, mais Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il irait à la Réunion bientôt et qu’il ferait, à cette occasion, un certain
nombre de propositions pour favoriser le développement économique de tous nos territoires.
Brèves
La FEDOM a publié un Communiqué le 22 mars pour demander au Gouvernement que soit adopté dans les plus brefs délais un tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque outre-mer.
En effet, près de 9 mois après la dernière réunion de la Commission Baroin et plus de 15 mois après le moratoire sur les projets, décidé par le Gouvernement en décembre 2010, les arrêtés tarifaires ne sont toujours pas en vigueur.