GUYANE, l’aide au fret dans le collimateur

GUYANE, l’aide au fret dans le collimateur

Kerwin ALCIDE France-Guyane 16.03.2012

Selon la préfecture, des évolutions ont été mises en oeuvre sur 2010 et 2011, ce qui pourrait se traduire par un allègement des procédures administratives.
Alors qu’elle est censée favoriser l’export et l’import, l’aide au fret, mise en place il y a quatre ans, a créé beaucoup de frustration auprès des chefs d’entreprise qui se plaignent des retards dans le traitement des dossiers.

Comme l’octroi de mer il y a quelques jours, l’aide au fret est un sujet qui fait grincer les dents chez les chefs d’entreprise guyanais. « On a fait tout ce qu’on pouvait faire » , plaide Bernard Boullanger, président des Moyennes et petites industries (MPI). L’homme est fataliste, comme jamais. « L’aide au fret n’a servi à rien pour le moment. »

Pourtant, tout partait d’une très bonne intention. L’Europe et l’État s’engageaient à travers cette aide « au fret » à compenser les surcoûts liés aux handicaps structurels des régions. En ce qui concerne la Guyane, 50% des frais du transport maritime ou aérien peut ainsi être pris en charge pour les entreprises disposant d’une unité de production. Beaucoup d’entre elles ont postulé afin d’améliorer leur compétitivité, mais aussi pour favoriser une baisse des prix. La majorité est encore dans l’attente.

Harry Contout, gérant de la boulangerie Albert, fait partie de ceux qui ont en fait la demande. Et il patiente toujours. « Chaque fois, il faut recommencer le dossier » , explique-t-il. « L’affaire est mal emmanchée » , regrette Bernard Boullanger qui concède que seules quelques entreprises ont pour le moment bénéficié de cette aide. « A la mi-mars, une trentaine d’entreprises ont été bénéficiaires pour un montant total de l’ordre de 7 millions d’euros », explique-ton en préfecture. L’enveloppe initiale est de 24 millions d’euros.

Pour les chefs d’entreprise, trop peu d’entre eux ont bénéficié de cette aide. Et seules certaines demandes faites entre 2008 et 2009 ont été satisfaites. Alors que les entreprises antillaises, selon Harry Contout, commencent à toucher le solde de l’année 2011. Un deux poids deux mesures qui dérange au plus haut point Bernard Boullanger qui rappelle que la Guyane se trouve dans un marché unique avec les Antilles, alors que les règles ne sont pas identiques.

« FAIRE DE LA MENDICITÉ »

Les Antilles bénéficient aussi d’une aide au fret pouvant atteindre 75% du prix du transport. Sans oublier qu’en Guyane, la surcharge carburant (la Baf) qui représente la moitié du prix du transport, n’est pas prise en compte dans le calcul.

Devant tant d’obstacles, Harry Contout envisage souvent de renoncer à cette aide censée lui permettre de renouveler le parc de machines de la boulangerie. « Ce ne sont pas des montants exorbitants » , confie-t-il, mettant le retard dans le traitement des dossiers sur le compte d’une cellule de la préfecture « sous-dotée en effectifs » . « Peut-être jouent-ils la montre pour que les gens laissent tomber » , reprend-t-il, avant d’ajouter : « On a l’impression qu’on fait de la mendicité. » Selon Bernard Boullanger, certaines entreprises avaient, dès le départ, répercuté les bienfaits de cette aide sur leurs prix. Sans pour autant obtenir une contrepartie favorable pour le moment. D’autres attendent l’aide pour toucher aux prix. « Nous, nous avons tenu compte de cette aide pour ne pas augmenter nos prix » , indique Harry Contout qui se trouve dans un secteur très concurrentiel. Gonflés par la solidarité qui s’est dégagée du monde économique sur le dossier de l’octroi de mer, certains chefs d’entreprise envisagent désormais de monter au créneau sur ce nouveau dossier.

Le Suriname lorgne sur la Guyane

Face aux coûts du fret en Guyane, certains chefs d’entreprise avaient cité le Suriname comme une issue potentielle. Leurs inquiétudes semblent avoir été bien entendues outre-Maroni puisque le Suriname lorgne désormais ouvertement sur le fret guyanais.

« Le port a le potentiel d’être très efficace puisqu’il a été rénové il y a trois ans. Nous voyons aussi une possibilité de s’agrandir. À titre d’exemple, le fret guyanais peut transiter par chez nous » , estime Thierry Vantomme, l’un des responsables du port de Paramaribo. Il annonce par ailleurs que les autorités locales ont renforcé leurs liens avec la Guyane ces derniers mois. Toutefois, il reconnaît qu’il sera nécessaire d’améliorer les infrastructures routières et les moyens de franchissement du Maroni. « En dehors des infrastructures, les deux gouvernements doivent accélérer les procédures administratives. » Tout en considérant le Brésil comme une autre option sérieuse, notamment en raison du pont, le Surinamais ne peut s’empêcher de croire que le port de Paramaribo reste très attractif pour la Guyane.

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