Des responsables des comités du tourisme de Mayotte, de Martinique et de Guadeloupe font le point sur leur destination.

Des responsables des comités du tourisme de Mayotte, de Martinique et de Guadeloupe font le point sur leur destination.

Le Salon mondial du tourisme de Paris (15 – 18 mars) à la porte de Versailles, n’a pas attiré beaucoup de professionnels d’Outre-mer. Absents, les représentants du tourisme de la Réunion, de la Guyane, de Saint-Martin, de la Polynésie (pour des raisons budgétaires) et de la Nouvelle-Calédonie. 
Destinations traditionnellement en pointe, la Guadeloupe (représentée en autres par sa miss 2004, Daïana Mary) et la Martinique sont bien là. Surprise, une île habituellement peu prisée par les touristes, Mayotte, s’est installée au salon avec un large stand couvert de brochures de présentation et de cartes touristiques. Les responsables des comités de tourisme présents ont répondu aux questions de La 1ère.fr.

Michel Ahamed, directeur du Comité du tourisme de Mayotte © Kessila Selly

Michel AhamedDirecteur du Comité du tourisme de Mayotte

Qu’attendez-vous de ce salon 2012 ? 
Nous voulons confirmer la présence de Mayotte. Nous sommes une jeune destination émergente, contrairement à des destinations comme la Réunion ou les Antilles, mais nous essayons chaque année d’être présents sur les rendez-vous nationaux, comme le Salon de la plongée, Top Résa en septembre et le Salon mondial du tourisme en ce moment. 
Nous sommes venus avec des professionnels pour faire la promotion de Mayotte, et mettre également en valeur ces professionnels et ces prestataires touristiques. Nous voulons être dans une phase de contact entre visiteurs potentiels et prestataires.

Quels sont les derniers chiffres disponibles de la fréquentation touristique à Mayotte ? 
Sur la saison 2010, nous avons accueilli 54.000 visiteurs, venant essentiellement, à 94 % environ, de la France métropolitaine et de la Réunion. Le reste venait de l’Europe. Mayotte intéresse de plus en plus les pays européens, et nous essayons d’aller vers ces pays là. Nous sommes maintenant un département français, nous avons l’euro, au niveau administratif et sanitaire c’est comme en métropole, ce sont des arguments qui peuvent convaincre les Européens, principalement l’Allemagne, la Suisse et la Belgique. Ce sont des marchés secondaires sur lesquels il faut travailler.

Quels atouts mettez-vous en avant pour valoriser Mayotte ? 
Notre statut de département français, qui rassure la population métropolitaine et les Européens, et ensuite notre lagon. Notre lagon est le plus grand lagon fermé de l’océan Indien, et même du monde, avec une double barrière qui permet de faire des activités de plongée et de découvrir toute la biodiversité marine. Il y a deux ans, le lagon de Mayotte a été reconnu au niveau national. Nous sommes classés deuxième parc naturel marin de France. 
Nous mettons également en valeur toute notre culture, notamment à l’intérieur de l’île. Mayotte c’est la France africaine. Nous sommes un département français mais avec une culture et un héritage qui nous viennent du peuple bantou en Afrique.

La capacité hôtelière est-elle suffisante sur place ? 
Elle n’est pas suffisante mais nous faisons un travail au niveau local pour l’augmenter. Aujourd’hui notre parc d’hébergement est de 1.200 lits environ, avec d’une part les hôtels qui viennent d’être classés avec des étoiles comme en métropole, et d’autre part la possibilité d’avoir des gîtes et des chambres d’hôtes, de façon à avoir un contact direct avec la population. Nous encourageons beaucoup ce type d’hébergement.

Quel impact ont eu les grèves de la fin de l’année 2011 sur le tourisme ? 
Ces 44 jours de mouvements sociaux ont eu un impact négatif sur la fréquentation touristique. En décembre et janvier nous avons eu une fréquentation en berne. Mais elle reprend aujourd’hui et nous sommes ici pour rassurer les gens et faire de la promotion. Ces grèves appartiennent au passé.

Pascal Reine-Adélaïde, chef du pôle tourisme, Maison de la Martinique à Paris © Philippe Triay/France Télévisions

Pascal Reine-Adélaïde Chef du pôle tourisme, Maison de la Martinique à Paris

Après une baisse ces dernières années, le tourisme se porte-t-il mieux en Martinique ? 
Voilà un an et demi environ que le tourisme reprend bien. Certains ont dit que nous profitons des malheurs de l’Afrique du Nord, mais je ne crois pas. Ce ne sont pas les mêmes budgets, ni la même clientèle. Je crois que cela correspond à un renouveau à un moment de notre cycle touristique. Notre destination est maintenant apaisée, nous avons un produit qui est facile d’accès et qui correspond à un marché sûr. Les grèves de 2009 ont marqué un sérieux coup d’arrêt pour le tourisme en Martinique. En quelques mois nous avons perdu 40 % du marché. Mais on remonte et j’espère que l’on atteindra les niveaux d’avant les grèves. Cependant il n’y a pas eu que les grèves. Il y a eu aussi la crise économique. Ceci dit, ça repart, les hôteliers sont contents.

Quels sont les derniers chiffres dont vous disposez ? 
Les tours opérateurs les plus importants font état d’une hausse de fréquentation de plus de 5% pour le début de l’année 2012 en Martinique, en ce qui concerne le marché français, par rapport à l’année précédente. Pour 2011, on a eu environ 380.000 touristes venant de l’Hexagone. Ce chiffre est supérieur à celui de 2010.

Est-ce que le vol hebdomadaire vers les Antilles proposé par Air France à partir de Roissy a attiré plus de visiteurs en Martinique ? 
Ce vol est bien rempli mais attention, ce n’est pas un vol supplémentaire par rapport à l’offre d’Air France, c’est un vol qui a été déplacé. Par ailleurs, ce vol était censé attirer des Européens, mais en fait un vol par semaine c’est trop peu pour faire bouger le marché européen. Toutefois ce vol n’a que quatre mois, et il faut lui laisser du temps pour s’installer. Actuellement nous recevons 20.000 Européens par an – Allemands, Belges, Suisses et Italiens – nous constatons des progressions, mais ce n’est pas suffisant pour remplir un vol par semaine et cela toute l’année.

Les moyens dont dispose la Martinique sont-ils suffisants pour assurer une offre intéressante ? 
Je pense que nous avons un problème de chambres et un problème de qualité d’hébergement. Il nous faudrait plus de chambres rénovées dans les hôtels. Ensuite au niveau du marketing il nous faudrait des moyens supplémentaires pour que nous puissions mieux faire la promotion de notre pays et de nos produits.

Daïana Mary, chargée de promotion France du Comité du tourisme de Guadeloupe © Kessila Selly

Daïana Mary
Chargée de promotion France du Comité du tourisme des îles de Guadeloupe



Quels sont vos objectifs pour ce Salon du tourisme ? 
Nous sommes présents chaque année sur ce salon pour faire parler de la destination, même si elle est déjà connue. On se doit d’être là pour parler des nouveautés. Par exemple, cette année il y a eu la rénovation de certains hôtels de la chaîne Des hôtels et des îles, et la création de nouveaux gîtes que l’on peut trouver sur place. 
La saison se porte bien et les professionnels sont contents. On ne parle plus des grèves de 2009 et le tourisme est reparti. Nous travaillons sur le marché européen, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Scandinavie, en cherchant à élargir nos cibles hors de France. N’oublions pas que par rapport aux autres îles, nous nous en avons cinq ! Cela permet aux touristes de voir des choses différentes.

Les vols à partir de Roissy attirent-ils plus de touristes européens ? 
Concernant les vols à partir de Roissy Charles de Gaulle (vols hebdomadaires vers Fort-de-France et Pointe-à-Pitre lancés par Air France en novembre 2011, ndlr), il est encore trop tôt pour se prononcer et dire que ces vols amènent plus de touristes européens. Ceci dit c’est une très bonne initiative.

Qu’est ce qu’on peut améliorer concernant le potentiel touristique guadeloupéen ? 
S’il y avait des choses à améliorer au niveau du tourisme en Guadeloupe, ce serait l’hébergement, pas en terme de capacités mais en terme de qualité.

Par Philippe TRIAY

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