Le Président de la FEDOM analyse l’impact des émeutes sur l’économie
Interrogé sur Antenne Réunion radio, le Président de la Fédération des Entreprises de l’Outre-Mer a livré son point de vue sur les émeutes qui ont secoué la Réunion la semaine dernière.
La FEDOM regroupe l’ensemble des organisations patronales (CGPME, Chambre de Commerce, organisations patronales) sur l’ensemble de l’Outre-Mer, en Polynésie, en Nouvelle Calédonie et bien sur à la Réunion. Cette organisation très influente représente 100 000 entreprises et 500 000 salariés. Pour Antenne Réunion, Jean-Pierre Philibert a accepté d’analyser la crise sociale qui a marqué notre île ces dernières semaines et son impact sur l’économie locale.
Les violences urbaines à la Réunion
Interrogé à ce sujet, Jean-Pierre Philibert note d’abord la « grande solidarité et le grand esprit de responsabilité » des organisations représentatives patronales, mais également des organisations syndicales qui dans un contexte difficile n’ont pas jeté de l’huile sur le feu et ont décidé de se mettre autour de la table pour réfléchir à la façon de sortir par le haut de cette crise.
Selon le Président de la FEDOM, cette crise sociale qu’a connu la Réunion « a des causes profondes qui sont communes à tout l’Outre-Mer ». Il explique : » Une catégorie importante de la population – les jeunes en particulier – est aujourd’hui dans une situation de précarité car elle est exclue du marché du travail ». A partir du moment où elles ont peu ou n’ont pas de revenus, ces personnes ont une appréhension de la vie, des produits, des prix. Cela génère des frustrations et les tensions auxquelles on a assisté la semaine dernière. Jean-Pierre Philibert estime que » C’est un problème extrêmement sensible dans tout l’Outre-Mer » et ajoute que » Le contexte politique a sûrement contribué à créer un peu de surchauffe » .
Les conséquences de la crise sociale pour l’économie réunionnaise
Concernant l’impact de ces violences urbaines sur l’activité des entreprises réunionnaises, le Président de la FEDOM rappelle que « ce mouvement n’est pas du même ordre que la crise sociale qui a secoué les Antilles notamment en 2009″. La crise aux Antilles a eu en effet un impact profond sur la situation économique des entreprises de la Guadeloupe et de la Martinique. A la Réunion, il y eu ces derniers jours des dégradations de biens. Il faudra voir comment les entreprises locales pourront absorber les baisses de prix.
La solution proposée cette semaine n’est pas une solution d’avenir, selon Jean-Pierre Philibert qui pense que d’autres moyens doivent être trouvés. Le Président de la FEDOM s’adresse ici aux représentants des pouvoirs publics. Face à la situation d’ensemble de l’Outre-Mer, dans une lettre rédigée il y a quelques jours, Jean-Pierre Philibert à évoqué la nécessité pour les entreprises ultramarines de produire et d’investir, de créer des emplois pour donner une nouvelle impulsion à l’économie en Outre-Mer.
Le Président de la FEDOM préconise plusieurs solutions : selon lui, il faut en priorité permettre aux jeunes d’accéder à l’emploi. Pour cela, il fat améliorer la compétitivité, la rentabilité et la productivité des entreprises, pour créer des richesses partagées. Un effort particulier doit être fait pour faciliter l’insertion des jeunes dans les entreprises, pour favoriser la baisse des charges sociales et de la fiscalité. Ces thèmes majeurs, le Président de la FEDOM souhaite les aborder avec les représentants du Gouvernement et les candidats à l’élection présidentielle.
L’image de l’Outre-Mer
» Il y a un sentiment en métropole qui n’est pas très favorable à l’Outre-Mer », de l’avis du Président de laFEDOM. Interrogé pour Antenne Réunion radio, il précise « qu’on a perdu l’oeil bienveillant qui était autrefois porté sur l’Outre-Mer, au plus haut niveau de l’Etat ». Aujourd’hui, on en est à des réalités strictes, un peu budgétaires. Les images véhiculées par les médias ne facilitent pas les choses selon Jean-Pierre Philibert qui parle d’un « effet réfrigérant ». Le Président de la FEDOM veut faire passer un message optimiste : « L’Outre-Mer est une chance pour la France, car il y a une grande capacité à innover », à investir martèle-t-il.
La liste des 60 produits solidaires
Interrogé sur la liste des produits « solidaires » ; Le Président de la FEDOM juge cette avancée intéressante mais insiste sur le fait que » ce n’est pas une solution durable ». Les prix des matières premières sont en effet susceptibles d’évoluer dans les semaines ou dans les mois à venir. La situation d’urgence a été réglée. Il faut désormais réfléchir à des mesures sur le long terme selon Jean-Pierre Philibert.