L’Outre-mer oublié, selon le patronat
ECONOMIE
La plupart des principaux candidats (et futurs candidats) à l’élection présidentielle viennent de rendre public, sinon leur programme définitif, du moins leurs grandes orientations. À leur lecture, la Fedom, la Fédération des entreprises des Dom, fait un constat : à ce stade, l’Outre-mer fait figure de grande absente dans le débat qui s’annonce, notamment sur le volet économique. Certes, les entreprises domiennes seront concernées par les dispositions d’ordre général comme le coup de rabot sur les niches fiscales. Coup de rabot qui s’élèvera à 20 milliards en trois ans pour François Bayrou et à 29 milliards pour François Hollande. Elles le seront également par l’instauration d’un livret d’épargne industrie comme le proposent François Hollande et François Bayrou, note laFedom.
Le Pen plus crédible ?
Selon le patronat, tous les candidats se préoccupent aussi du soutien au financement des entreprises et notamment des PME, par la création d’une ou plusieurs banques d’économie mixte décentralisées pour François Bayrou, d’une banque publique d’investissement pour François Hollande et d’une banque de l’industrie, filiale d’Oséo, pour Nicolas Sarkozy qui la dotera d’un milliard de fonds propres, cette banque devant financer « l’économie réelle et non l’économie financière ».
Sans surprise, tous les candidats prônent la nécessité pour l’Outre-mer de retrouver de la compétitivité, ce qui passe pour le chef de l’État par une exonération de la branche famille des charges patronales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,1 fois le Smic, ces allègements étant ensuite dégressifs pour s’arrêter à 2,4 fois le Smic. Ce « réarmement de la France » selon François Bayrou passe également par l’instauration d’un emploi sans charge pendant deux ans pour toute entreprise de moins de 50 salariés qui embaucherait un jeune ou un chômeur, cette mesure étant compensée par la suppression de l’exonération fiscale des heures supplémentaires, poursuit laFedom.
Ces exonérations sur les heures supplémentaires sont également supprimées par François Hollande qui propose un « contrat de génération » pour permettre l’embauche en CDI par les entreprises de jeunes accompagnés par un senior qui sera lui maintenu dans l’emploi jusqu’à son départ à la retraite.
Si François Bayrou ne dit rien sur la défiscalisation, François Hollande limite l’avantage des niches fiscales à 10 000 euros de diminution d’impôt par an. Nicolas Sarkozy a, lui, depuis la Guyane, réaffirmé sa confiance et son soutien à « cet outil indispensable au développement » tandis que François Hollande a prévu 500 millions d’euros de dépenses supplémentaires en faveur de l’Outre-mer sur la durée de la mandature.
Et en écho, note la Fedom, c’est curieusement Marine Le Pen qui entend « renouer avec une politique d’exonération des charges patronales » et de « défiscalisation des investissements productifs » tout en promettant des « négociations musclées » avec la grande distribution pour qu’elle privilégie les produits locaux dans les supermarchés sur place… À défaut d’être au cœur des débats, l’Outre-mer reste une terre de campagne : François Bayrou, Eva Joly et Marine Le Pen à la Réunion, François Hollande et Nicolas Sarkozy aux Antilles (tous deux annoncés fin mars à la Réunion). Certes, on peut se dire que les choses peuvent évoluer et que les candidats ont tout intérêt à garder des cartouches en réserve, mais pour la Fedom, il n’est pas inutile d’attirer l’attention sur ce qui lui semble être un vide à combler dans les mois qui viennent ■